Les organismes de défense des droits des migrants sont plus mesurés. «C'est plus que d'habitude», indique au Figaro.fr Jean-François Ploquin, directeur général de Forum réfugiés, organisme autorisé à accompagner les migrants des centres de rétention de Nice, Marseille et Lyon. «Habituellement, on recense environ dix Tunisiens placés en centre de rétention par mois, et là, on en dénombre 142 depuis le 11 février, dont 90% ont transité par Lampedusa. C'est un phénomène particulier, mais on n'est pas du tout dans des flux massifs», estime-t-il. Jean-François Plotin invite, par ailleurs, à ne pas faire de projections hâtives. «Ce n'est pas parce que des centaines de milliers de personnes sont déplacées dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, en Libye par exemple, qu'elles veulent toutes nécessairement venir en France. Elles n'ont pas forcément de projet migratoire», assure-t-il au Figaro.fr. Interrogé sur RTL, le président de l'association France Terre d'asile, Pierre Henry, estime de son côté qu'il s'agit pour l'instant d'«une poussière de migration». Et dans l'éditorial de la revue de l'association, Pierre Henry considère que «pour que le pire ne soit pas à craindre, pour que l'UE soit à la hauteur de l'enjeu historique qui se déroule sous nos yeux sur l'autre rive de la Méditerranée, il faut cesser avant tout de faire croire aux populations européennes qu'un flux migratoire de grande ampleur les menace aujourd'hui. Les Etats européens doivent en finir avec la peur et l'égoïsme qui les paralysent. Ils doivent en finir avec l'incertitude et décider, enfin, des mesures à prendre pour accompagner au mieux cette formidable révolution démocratique qui éclate à nos portes.»