La maison de la presse se trouve dans une situation financière très difficile. Elle cumule plus de 41,6 millions de dinars de dettes auprès de plusieurs prestataires de services, selon l'état des dettes arrêté au 30 novembre 2004. L'Algérienne des eaux (ADE) vient, pour la énième fois, de mettre en demeure la direction de cette entreprise afin de régler les arriérés estimés à 2,1 millions de dinars, sous peine de coupure d'eau. L'on apprend aussi auprès du directeur de la maison de la presse, M. Djoudi, que Sonelgaz, qui a menacé plusieurs fois de couper l'alimentation en l'électricité, détient sur lui, selon la dernière facture, plus de 8,7 millions de dinars. Le directeur affirme que la Cnas aussi lui doit plus de 18 millions de dinars. S'y ajoutent les créances sur les titres disparus entre 1990 et 1997, plus d'une vingtaine, qui sont de l'ordre de 22 millions de dinars. M. Djoudi se dit incapable d'honorer ces dettes. Il refuse même un échéancier avec Sonelgaz, faute d'argent. « La création de la maison de la presse en 1990 a été faite dans la précipitation, sans aucune organisation particulière. Pendant les années du terrorisme, personne n'a réclamé quoi que ce soit. Après le retour au calme, c'est tout le monde qui demande des comptes », indique-t-il. Selon lui, cette situation ingérable ne peut plus durer. La solution ? « Les pouvoirs publics, notamment le ministère de la Culture, en tant que tutelle, doivent prendre en charge la situation financière de l'entreprise qui a pourtant un statut d'Epic », avance M. Djoudi. Dans un rapport adressé au département de Khalida Toumi, la direction de l'établissement demande « une intervention afin de trouver une solution rapide au problème de cumul des dettes ». A en croire M. Djoudi, la tutelle demeure passive devant cet état de faits. « Parler de gestion de la maison de la presse est une vue de l'esprit. Créée dans un dessein de poser les jalons d'une presse plurielle à même de prendre en charge les préoccupations citoyennes, cette œuvre s'est heurtée à la modicité des moyens financiers et logistiques », relève le premier responsable de la maison de la presse. En 2005, ajoute-t-il, « nous continuons de subsister avec un budget qui frise le ridicule et qui ne représente environ que le quart des dépenses ». La subvention allouée à l'entreprise par les pouvoirs publics depuis sa création est de 5 millions de dinars. « Un budget qui n'a jamais connu d'évolution, si minime soit-elle ». En parallèle, les charges ont beaucoup augmenté. « La facture de consommation de l'énergie électrique a augmenté de 50 fois en 2004 par rapport à 1990, les charges sociales de 7% et la masse salariale de 16 fois », note un rapport sur la situation financière. Conséquences : en plus des dettes cumulées, les sites qui abritent les locataires peuvent être qualifiés de « gourbis » en manque des moyens les plus urgents (système de télésurveillance, parc et locaux). M. Djoudi avance que « de plus en plus de locataires se sentent dispensés de leurs obligations contractuelles ». « L'ensemble des recettes des loyers symboliques, précise-t-il, ne couvre même pas une seule facture des différentes charges. Les 64 locataires entre journaux et agences ne payent ni électricité ni eau. » Pour remédier à cette situation, la direction de l'entreprise procédera incessamment au placement de compteurs individuels. Dans l'absolu, « il devient impérieux, afin d'arriver à un équilibre un tant soit peu du budget, de porter la subvention à un niveau nettement supérieur », relève M. Djoudi. « Appliquer les règles de commercialité reviendrait à négliger la mission de service public, fondamentale dans le cas de la gestion de la maison de la presse. Cette option devant être privilégiée d'autant qu'elle permet de résorber le déficit et permet à l'Etat d'apporter une contribution à l'essor de la presse en mettant à sa disposition un service plus performant », a-t-il conclu dans son rapport.