Le Fespaco de Ouagadougou est également un immense espace de rencontres entre professionnels qui offrent des projets, proposent des idées et des fonds. Ouagadougou De notre envoyé spécial Plongée dans la chaleur du printemps africain, Ouagadougou a retrouvé sa «vie normale», samedi 5 mars après la fin de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco), la manifestation cinématographique la plus connue du continent. Que faut-il retenir de la cuvée 2011 ? D'abord, une meilleure maîtrise de l'organisation, même si la communication n'a pas toujours été au rendez-vous. La dispersion des lieux des conférences et des projections de films n'a pas facilité la tâche des journalistes venus nombreux couvrir l'événement. Les médias français, tels que RFI, Canal Plus ou France 24, impliqués dans le Fespaco, étaient omniprésents au Festival. RFI tout comme la BBC sont présentes sur la bande FM à Ouagadougou comme les nombreuses radios locales privées. Au Burkina Faso, les ondes sont réellement libérées. Sans complexe ! TV5 Monde, l'un des sponsors du Fespaco, se présente comme «la première plateforme numérique du cinéma francophone à la demande». La nouvelle chaîne d'information Africa 24, en quête d'audience, est également visible à Ouagadougou. Malgré la participation de l'Algérie avec une dizaine de films, courts et longs métrages, documentaires et vidéo TV, la télévision algérienne n'a pas jugé utile d'envoyer des journalistes assurer la couverture du Fespaco. L'ex-RTA n'aurait sans doute pas hésité à déléguer des équipes entières couvrir un match de football de troisième zone ! Les producteurs algériens sont presque les seuls à n'avoir pas proposé des fiches de présentation de leurs films. Le Jamaïcain Errol Webber n'a eu aucune gène à interpeller les journalistes et leur remettre une carte sur son documentaire Ithemba qui raconte l'histoire de jeunes musiciens ayant retrouvé l'espoir grâce à leur art. Le flyer du film malgache Lorety et Mardy de Tiana Rafidy était partout. Idem pour le documentaire sud-africain Zwelidumile de Ramadan Suleman consacré à l'artiste plasticien Dumile Feni (décédé en 1968 aux Etats-Unis). Clap noir, le web zine des cinémas d'Afrique, a fait également sa pub. Il se dit «mobilisé» pour faire découvrir le septième art du continent. Clap noir (www.clapnoir.org) a fait écho d'une rencontre inédite, celle de la Journée de la télévision africaine, organisée le 27 février 2011, au début du Fespaco. Sept télévisions de l'Afrique de l'Ouest ont réalisé 8 heures de programme commun. Du jamais-vu par le passé. Cela, on vous l'a déjà dit, n'intéresse pas les bureaucrates de l'ENTV. Au chapitre promotion, les organisateurs du Festival du film francophone de Namur (FIFF, Belgique) ne sont pas restés dans les chambres climatisées des hôtels pour «approcher» d'éventuels candidats à la compétition officielle. Le FIFF Namur, dirigé par le comédien Olivier Gourmet, débutera fin septembre 2011. Ce festival projette chaque année 150 films des quatre coins du monde. Les Hollandais de l'International Documentary film Festival d'Amsterdam (IDFA) n'ont pas chômé eux aussi. Ils sont venus faire découvrir le fonds Jan Vrijman, avec lequel des projets de documentaires dont les pays du Sud sont financés. Ce financement se fait deux fois par an pour des documentaires «intéressants du point de vue stylistiques ou qui sont particulièrement innovants». Les jeunes réalisateurs algériens devraient se mettre en course et consulter ce site : www.idfa.nl/janvrijmanfund. La National Film and Vidéo Foundation (NFVF) d'Afrique du Sud se dit, elle aussi, prête à soutenir des projets cinématographiques par le biais du programme Sediba destiné aux films de télévision et aux longs métrages. En 2009, la NFVF a permis à des producteurs et réalisateurs africains de participer au célèbre Film London Production Finance Market (PFM), pour exposer leurs projets à des agents financiers internationaux et à des distributeurs. En 2011, la fondation sud-africaine envisage d'aider les jeunes producteurs ou «producteurs émergeants» à monter leurs projets. Il suffit de présenter un script (ou scénario) qui, une fois sélectionné, donnera lieu à un avis d'appel d'offres international pour trouver les fonds (les détails sont sur le site : www.nfvf.co.za). La plate-forme Doc-ACP, qui soutient des projets en Afrique, aux Caraïbes et au Pacifique, apporte aussi des fonds pour améliorer, tant la production que la diffusion du documentaire. En partenariat avec le Festival du cinéma africain de Tarifa (Espagne), la plateforme a lancé une étude pour évaluer la faisabilité de l'implantation d'un réseau de salles de cinéma numériques au Mozambique. Le programme Cinéma numérique ambulant (CNA) a célébré, cette année, ses dix ans à Ouagadougou. Il est appuyé par l'Union européenne et par l'association belge Africalia. CNA permet aux habitants de villages africains de regarder des films grâce à des camions ambulants. CNA a organisé, en marge du Fespaco, une carte blanche pour des films produits par d'anciens étudiants burkinabés en Master de réalisation documentaires à l'Université Kaboré de Saint-Louis au Sénégal. Des films tournés par des téléphones mobiles ont également été projetés. On n'arrête pas le progrès ! Les images des révolutions en Egypte, en Tunisie, en Libye, au Yémen et à Bahraïn ont montré clairement qu'on peut faire beaucoup de choses avec son téléphone portable…