La réalité algérienne requiert des changements d'ordre politique, social et économique à travers un «dialogue national serein» réunissant toutes les tendances politiques du pays, a estimé le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani. Dans un entretien à l'APS, M. Soltani a précisé que l'initiative politique présentée par le MSP le 16 janvier dernier a permis de tirer un certain nombre de conclusions, notamment la nécessité d'opérer «des changements dans les domaines politique, social et économique». Sur le plan politique, il a souligné l'importance qu'il y ait «davantage de libertés, d'initiatives et d'ouverture», alors qu'au niveau social, il a appelé à œuvrer à «l'émergence d'une classe moyenne et à l'implication de la jeunesse dans le développement du pays et la prise de décision et son association à la gestion des affaires publiques, en commençant par l'APC». Au volet économique, M. Soltani a insisté sur la nécessité de «sortir d'une économie basée sur la rente pétrolière pour aller vers une économie libérale productive créatrice de richesses, contribuant à l'augmentation des salaires», laquelle augmentation aura, a-t-il dit, un «impact positif sur le développement». Il a ajouté que pour mener ces changements, il est nécessaire d'«ouvrir un dialogue national serein avec tous les acteurs politiques, syndicaux et du mouvement associatif pour convenir des objectifs des réformes politiques (...) et d'une démarche pour contribuer à la réalisation d'un développement intégré et durable». S'agissant de la levée de l'état d'urgence, M. Soltani a relevé que cette revendication faisait l'objet d'un «consensus» de toute la classe politique algérienne qui considérait «qu'il n'y avait plus de motif» pour maintenir cette mesure en vigueur depuis 19 ans, estimant que la satisfaction de cette revendication soustrait cette question à la «surenchère politique». «Outre des allégements au niveau des barrages et des points de contrôle et la fluidité dans la circulation routière, la levée de l'état d'urgence doit être suivie d'une série de mesures, consistant notamment à libérer les initiatives politiques et à renforcer les libertés individuelles et collectives, y compris l'agrément de nouveaux partis politiques», a-t-il ajouté. A la question de savoir si la prise en charge des préoccupations sociales des citoyens primait sur d'autres mesures de nature politique, tel l'agrément à de nouveaux partis, le président du MSP a souligné qu'«aucune partie n'a le droit d'établir des priorités» sans consulter les autres parties, estimant que «l'ouverture politique, les réformes économiques ou la prise en charge des préoccupations sociales sont autant de priorités auxquelles il convient d'accorder un même intérêt».