La commune fait face à un énorme déficit en infrastructures et en logements. Timezrit est une localité rurale perchée sur une chaîne montagneuse d'où l'on peut tout apercevoir ; la Méditerranée, les monts du Djurdjura, les villes de l'est de Boumerdès et d'autres sites naturels à la beauté inégalée. Tous ceux qui s'y rendent gardent toujours en tête l'image de la colline déshéritée de Timezrit, dépourvue de tout. Cette localité est certes habitée par une population hospitalière, «gâtée» par la nature, mais lésée par l'administration et abandonnée par ses élus. La liste des problèmes soulevés par les habitants approchés lors de notre passage dans la région, est décidément longue et diversifiée. Tout y fait défaut. Il suffit de faire un détour au chef-lieu pour se rendre compte du retard qu'accuse cette localité en matière de développement. Les trottoirs sont quasiment inexistants. Les ruelles sont dans état déplorable. Les bidonvilles du bas-côté de ce soi-disant centre ville ne sont pas encore démantelés malgré le recasements de leurs occupants après le séisme de 2003. Les 10120 habitants de cette localité qui compte plus de 20 villages se plaignent du manque d'infrastructures de base, notamment de la jeunesse, et dénoncent la mauvaise gestion des affaires de leur collectivité. «Nous n'avons ni maison de jeunes ni bibliothèque, ni salle de sport… Comment voulez-vous qu'on reste ici ?», s'est indigné Hamid, un trentenaire, désabusé par l'indifférence qu'affichent les responsables concernés quant à la prise en charge des doléances de la population, notamment juvénile. Notre interlocuteur soutient que ce n'est pourtant plus l'argent qui manque pour améliorer leurs conditions de vie et sortir leur commune du sous-développement. «Il est vrai que notre commune est pauvre et n'a aucune ressource, mais on a bénéficié d'importants projets qui ne sont pas encore réalisés. Certains, comme la bibliothèque communale et le lycée ne sont toujours pas entamés pour des raisons infondées alors que d'autres (la polyclinique, ndlr) peinent à être achevés», rappelle avec détail notre interlocuteur. Poursuivant dans sa lancée, Hamid cite deux autres projets relatifs à des aires de jeu de type matico, qui ont été affectés pour d'autres localités au motif d'absence de terrain. Outre cela, les citoyens interrogés, soulèvent le problème de la pénurie d'eau potable qui se pose avec acuité, été comme hiver, et rappellent les souffrances qu'ils endurent à longueur d'année pour s'approvisionner à partir des sources naturelles et dont la plupart nécessitent d'être aménagées. «Est-ce logique de nous parler tout le temps du gaz de ville et des PPDRI pendant que la plupart d'entre nous n'a même pas d'eau potable dans son robinet ?», s'est interrogé un quinquagénaire de Toursal, en nous invitant à parler du dossier du Fonal ; un dossier qui tient en haleine toute la population, y compris les jeunes qui aspirent à fonder un foyer et rester au niveau de la terre de leurs aïeux. Ainsi, il y a quelques semaines des centaines de citoyens ont pris d'assaut le siège de l'APC et le bureau du maire, pour réclamer l'affectation des aides promises depuis le début de l'année 2008. Certains postulants parlent de magouilles et de malversations dont se seraient rendus coupables certains responsables chargés de la gestion du dossier et dénoncent les promesses sans lendemains qui leur ont été tenues quant à la satisfaction de leurs demandes. D'autres indiquent avoir payé une somme de 5000 DA à des agents désignés par l'APC pourl'obtention d'un plan de masse, alors que cela devait se faire par un géomètre. «C'est du racket. On a chargé des gens de collecter l'argent auprès des postulants et aujourd'hui à chaque fois qu'ils viennent s'enquérir de leurs dossiers, on leur demande de patienter», nous dira Sofiane en dénonçant ce type de procédés non conformes à la loi. Un autre habitant abordé sur ce sujet «attribue» le problème aux autorités de la wilaya qui n'ont pas pris en compte le caractère rural de leur localité lors de la répartition des programmes octroyés par l'administration. «Notre commune a été lésée par les autorités de wilaya qui ne lui ont accordé que 143 aides depuis 2002 et un quota de 120 aides pour les quatre ans à venir. Comment voulez-vous qu'il n'y ait pas de problèmes après ? Surtout lorsqu'on sait qu'il y a des centaines de citoyens qui en ont formulé des demandes et déposé leurs dossiers mais qui n'ont rien vu venir à ce jour», tempête Ahmed, un autre postulant. Celui-ci avoue «qu'il y a même des gens qui se sont enrichis sur nos dos», en réclamant de ce fait «l'institution d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur ce dossier».