Tous les dossiers fournis pour la constitution de nouveaux partis politiques sont conformes», disait la semaine dernière le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Déposés, pour certains, à la fin des années 1990, le Front démocratique (FD) de l'ancien chef de gouvernement Sid Ahmed Ghozali, et Wafa d'Ahmed Taleb Ibrahimi, qui a fini par y renoncer, et tout récemment le Parti de la liberté et de la justice de Mohamed Saïd, les demandes d'agrément risquent de ne pas voir la lumière. Le successeur de Noureddine Yazid Zerhouni pense que ce n'est pas le moment de leur délivrer les agréments. Quand est-ce qu'il le fera alors ? Daho Ould Kablia ne donne aucune échéance, ni ne fournit d'explications. Mais en a-t-il une en réalité ? Puisque les demandes sont jugées conformes pourquoi alors s'obstine-t-on à ne pas laisser les partis en question activer dans la légalité ? Au nom de quelle loi le ministère de l'Intérieur s'autorise-t-il un tel déni ? Le refus opposé à Sid Ahmed Ghozali et Mohamed Saïd ne repose, en fait, sur aucun texte de loi, même le décret sur l'Etat d'urgence qui a été abrogé récemment ne comportait aucune disposition interdisant l'autorisation de nouvelles formations politiques. On ne s'en cache plus à présent, le viol de la loi fondamentale du pays, la Constitution, qui garantit la liberté d'association et la création de partis politiques, se fait ouvertement. Dire, d'un côté, que les dossiers sont «conformes», donc ne souffrant d'aucune irrégularité, et de l'autre, qu'il n'était pas opportun de donner d'agrément est une manière, non seulement, de pratiquer l'arbitraire mais de le revendiquer haut et fort. Si Ould Kablia n'avance aucun argument, il est par contre clair que sa sortie qui engage franchement la responsabilité du premier magistrat du pays, garant de la Constitution, décline une certaine vision de gérer la chose publique. Une gestion qui fait fi de toutes les lois et qui participe d'un véritable déni de droit, privant des Algériens de la liberté de faire de la politique. C'est une grave injustice dans laquelle les autorités veulent apparemment persister. En tout cas, au point où on en est, c'est le contraire qui aurait été surprenant. La tendance est depuis quelques années au verrouillage des champs politique et médiatique. La crédulité a entraîné certains à entrevoir un semblant d'ouverture. Que du vent ! L'illusion entretenue de déverrouiller l'interdiction sur les nouveaux partis politiques et de desserrer l'étau autour de l'accès aux médias publics est vite rattrapée par la dure réalité d'un despotisme bien ancré dans les mœurs du système algérien. Ould Kablia et même le ministre de la Communication Nacer Mehal n'ont fait que le rappeler.