«La décision de mon soutien obéit à des données concrètes et à des analyses sérieuses.» «Je ne vais surtout pas appeler les citoyens à voter en faveur de Abdelaziz Bouteflika», a martelé, haut et fort, le président du Front Démocratique (non agréé), Sid Ahmed Ghozali, au cours d'une conférence de presse animée hier au siège de son parti à Alger. S'exprimant au sujet de la position que prendra son parti vis-à-vis de l'élection présidentielle, l'ancien chef du gouvernement, non sans avoir, au préalable, rappelé les péripéties de «sa mise à l'écart» par le Conseil constitutionnel, a indiqué qu'il se prononcera sur la question au moment opportun. «Ma position sera simple, claire et obéira à des données concrètes et à des analyses sérieuses», ajoute-t-il. Moins implicite et pour exclure toute éventualité de son soutien au président sortant, le conférencier, catégorique, se dit prêt à donner ses voix «à tous les candidats en lice à l'exception de Bouteflika». Dès lors, à qui des cinq candidats l'ancien chef du gouvernement apportera son soutien? A la lumière de ces précisions qu'il a tenu fermement à émettre et auxquelles il faudrait aussi ajouter l'appel de ce dernier à un vote massif le 8 avril, se précise, en filigrane, l'option du soutien à Ali Benflis que Ghozali s'est toutefois gardé d'expliciter. Abordant, dans un autre registre, le sort de son parti que l'administration et à sa tête le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, refuse jusqu'à ce jour de légaliser, l'ex-chef de l'exécutif a rendu public un mémorandum de trois pages dans lequel est explicitée, point par point, la situation juridique du parti, et dont une copie a été adressée hier à Zerhouni. Dans ce document, Sid Ahmed Ghozali réfute la thèse de «l'insuffisance des documents administratifs» que le ministre de l'Intérieur n'a eu de cesse de brandir à chaque fois, pour justifier l'interdiction du FD. «Tous vos collaborateurs et vous-même savez bien que le dossier déposé par le FD est irréprochable, tant dans la forme que dans le fond», fait-il savoir. Pour étayer cet état de fait, ce dernier met en avant, une à une, les déclarations publiques et les sorties médiatiques «souvent contradictoires» du premier policier du pays, et ce, depuis le 1er août 2000, date de l'expiration du délai légal de deux mois imparti à l'administration pour se prononcer par écrit sur le dossier d'agrément. Le Président de la République a été lui aussi dans le collimateur de Sid Ahmed Ghozali. Celui-ci, dénonce vertement la sortie télévisée de Abdelaziz Bouteflika, dans l'émission Baramidj organisée récemment par le l'Entv pour le compte du scrutin présidentiel. Une émission à travers laquelle, rappelle l'orateur, le président sortant avait justifié l'interdiction du FD et de Wafa la formation d'Ahmed Taleb El Ibrahimi par l'impératif du retour à la stabilité et à la paix. Une réaction qui témoigne, à ses yeux, de «l'arbitraire et l'arrogance ainsi affichés caractérisent la démarche du pouvoir vis-à-vis du FD...elle exprime aussi un incivisme d'Etat avéré, méprisant les citoyens engagés dans un processus politique pacifique».