Invitant Abdelkader Mostéfaoui, responsable à la DGSN en charge de la délinquance économique, Souhila El Hachemi, journaliste à la chaîne III de la radio nationale, s'est livrée, dimanche 13 mars, à une véritable attaque contre les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, qualifiés de dangereux. Des attaques déjà relayées par des journaux pro-pouvoir. Laissant peu de place à son invité pour répondre à ses questions commentaires, elle a eu des réflexions curieuses. En voici, des exemples : « Facebook, Twitter, internet au service des révoltes. On l'a vécu en direct en Tunisie, en Egypte, le Bahraïn. Aujourd'hui, la Libye et l'Arabie Saoudite. Notre pays n'est pas à l'abri. Le monde arabe est secoué par un mouvement de révolté commandé, dirigé, guidé, téléguidé par des pays occidentaux. Il est loin d'être spontané. On parle d'une organisation formée dans les années 1980 et réactivée ces derniers temps ». Selon cette journaliste, les émeutes du 5 janvier 2011 en Algérie ont été provoquées par facebook. « Le ministre de l'Intérieur l'avait ouvertement déclaré », a-t-elle appuyé. Plus réservé, son invité a tenté d'atténuer de ces conclusions en expliquant que le rôle des réseaux sociaux n'est pas forcément mauvais. Souhila El Hachemi a continué sur sa lancée : « oui, mais est-ce qu'au niveau de la DGSN vous avez conscience de la situation ». Et elle a ajouté : « Les réseaux sociaux sont des moyens de stocker des informations et des données sur les Etats et les pays ». « Chaque personne a le droit de s'exprimer sur les réseaux sociaux et de suivre ce qui se dit et se qui se diffuse. Ce qui n'est pas interdit par la loi ne pas constituer une action de la police. Tout ce qui est apologie à la haine, au terrorisme et au crime est puni par la loi », a répondu Abdelkader Mostéfaoui. Ne l'entendant pas de cette oreille, la journaliste a persisté : « tout ce qui concerne le monde arabe aujourd'hui a été commandé et dirigé. Certains réseaux le revendiquent aujourd'hui ». Elle n'a pas cité ces réseaux. Souhila El Hachemi s'est attaquée ensuite au groupe Anonymous qui, d'après elle, vise à « saper » les instruments de contrôle des Etats. « Anonymous sont des hackers qui ont pour but de libérer l'accès à l'information et élargir le champs d'accès à internet », a précisé son invité. Cédant au rouleau compresseur de la journaliste du service public, il a fini par dire : « les réseaux sociaux sont les vecteurs de la cyber criminalité. Il faut sensibiliser les internautes algériens ». Selon la journaliste, qui est devenue juge et partie de sa propre émission, il est nécessaire de combler les vides juridiques pour contrer l'action « nocive » des réseaux sociaux. Son prétexte : « protéger la vie privée ». « Au niveau national, il n'y a pas de loi qui protège les données personnelles ou qui lutte contre l'usurpation d'identité », a dit le responsable de la DGSN. Encouragée, la journaliste s'est interrogée sur « les difficultés » que trouveraient les enquêteurs pour « localiser » les auteurs de ceux qui appellent au « soulèvement » et à « révolte contre leurs Etats ». « Vous connaissez les ravages qu'a pu causer facebook », a-t-elle déclaré. « L'anonymat est un obstacle pour les enquêteurs. Lorsqu'il s'agit d'un cyber café, la personne derrière un micro ne peut pas être identifiée. Idem pour les wifi ouverts au public », a dit le commissaire Mostéfaoui. « Qui se cache derrière les réseaux sociaux ? », s'est encore interrogé la journaliste qui donnait l'impression de n'avoir pas reçu de réponses à ses questions à répétition. Au cours de la même matinée, et toujours sur la chaîne III, la Ligue arabe a été attaquée sans aucune retenue après la décision, prise samedi au Caire, d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au dessous de la Libye pour protéger la population civile des assauts des mercenaires du dictateur de Tripoli.