La hausse des prix s'explique par la «différence» entre la demande faible et l'offre devenue importante. Les prix des fruits et légumes ont connu une hausse signifiante. Les pères de famille s'en sont sûrement rendus compte depuis quelques jours en faisant leurs emplettes dans les différents marchés de la capitale. «La pomme de terre, qui était de 35 DA, est vendue, actuellement, à 50 DA. Cet aliment nécessaire n'est plus à la portée de tous. Seuls les riches peuvent en manger à satiété alors jusqu'à une certaines époque, c'était l'aliment du guellil (le pauvre)», soupire cette mère au foyer dont le mari est fonctionnaire d'une administration du centre-ville. Elle affirme qu'il lui est plus difficile, elle qui tient la bourse du ménage, «de garder quelques sous». «Avec mes quatre enfants, tous pourtant en bas âge, je débourse jusqu'à 2500 DA par semaine, pour les légumes seulement», assure-t-elle. Rencontrés au marché Tnach, la femme était en conciliabule avec un vendeur qui affirme que les clients «rouspètent» devant son étal. «Que puisse-je leur faire. Tous les produits ne descendent pas sous la barre des 50 DA. Les carottes, les navets, la courgette, je les cède à 60 DA. La tomate est aussi à 50 DA, les petits pois à 150 DA. Même les légumes de saison sont chers», informe le vendeur. Au marché Tnach, à Clausel, Douéra ou encore Kahouet Chargui, même appréhension des ménages qui s'étonnent de l'augmentation des prix des légumes qui «n'intervient pas à quelques jours du mois de Ramadhan». Mêmes les fruits ont connu une flambée qui fait fuir les acheteurs. «La banane, pourtant de mauvaise qualité, est à 170 DA. La pomme est cédée à 250 et plus. Même la pomme ‘made in bladi' est à 170 DA. Les oranges sont au-dessus de la barre des 120 DA, sauf pour celle de mauvaise qualité. C'est grave, à part l'huile et le sucre tout a augmenté. Avec les salaires misérables que l'on nous donne, on ne peut pas tenir plus de 10 jours», enrage Khaled, père de 6 enfants, dont le plus âgé est un «employé traîne-misère» dans une usine de détergents. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) parle d'une augmentation de 15% par rapport à la fin de l'année 2010. Le porte-parole de cette organisation explique cette augmentation par la «différence» entre la demande faible et l'offre devenue importante, à l'approche de la saison estivale. La reculade du gouvernement sur l'organisation du marché explique aussi cette augmentation. «Les mesures prises par le gouvernement pour mettre un terme à l'informel ne seront plus appliquées au grand bonheur des importateurs, des distributeurs et des vendeurs. Ils n'en font qu'à leur tête. Ils augmentent les prix sans craindre d'être contrôlés», constate le porte-parole, Boulanouar, qui dénonce la désorganisation des réseaux et du marché de gros, «guère contrôlé par l'Etat». L'informel «booste» les prix. «Le vendeur légal augmente les prix en remarquant que les marchands illégaux paient comme lui sans payer de loyer ni d'impôts ou autres. Dans la seule wilaya d'Alger 70 000 vendeurs informels occupent les trottoirs. A cela s'ajoutent 20 000 autres commerçants qui ont gelé leur registre du commerce et vendent devant leurs locaux», s'indigne Boulanouar.