Le premier responsable de la direction des Assurances au ministère des Finances, Mohamed Seba, revient à travers cet entretien sur les mutations qui s'opèrent actuellement dans le secteur des assurances en Algérie, notamment à la faveur de la révision de l'ordonnance 95-07, relative à l'assurance. Quels enjeux induit la révision de l'ordonnance 95-07, faisant jusque-là office de loi fondamentale régissant l'activité d'assurance en Algérie ? Sommairement, la révision de l'ordonnance relative aux assurances s'appuie sur trois axes fondamentaux, à savoir la stimulation de l'activité d'assurance, notamment les assurances de personnes, le renforcement de la supervision dans ce secteur et enfin l'amélioration de la sécurité et de la gouvernance au sein des sociétés d'assurance. Il faut également souligner qu'à la faveur de cette démarche, la nomination des dirigeants des sociétés d'assurances devra désormais être soumise à des conditions de qualification et d'honorabilité. L'assurance automobile reste prépondérante dans l'activité des compagnies d'assurances. Prévoit-on des mesures d'amélioration des délais d'indemnisation en la matière ? La convention d'indemnisation directe des assurés (IDA) est en passe d'être réactivée. Une campagne médiatique sera lancée incessamment à cet effet. Il y a quelques années, lorsque ce dispositif a été initié pour la première fois, il a connu un échec dû, notamment, à des contraintes d'ordre technique. Aujourd'hui, ces contraintes ont été levées et les compagnies d'assurances se sont engagées à réactiver ladite convention. Aussi, cette dernière prévoit qu'en matière d'indemnisation des assurés de la branche automobile, les délais de règlement des sinistres, dans tous les cas, ne doivent pas dépasser un plafond de deux mois. Actuellement, ces délais dépassent souvent une moyenne de 5 à 6 mois, voire plus d'une année dans certains cas. Pour quelle échéance prévoyez-vous la mise en application de ces nouvelles mesures ? La convention IDA, qui concerne l'indemnisation directe des assurés pour les dommages matériels liés aux risques automobiles, devra connaître un début d'application dès le début 2006. Dès lors, elle devra ouvrir la voie à la mise en place d'une autre convention, dite IDAC, qui viendra ainsi compléter ce dispositif en assurant l'indemnisation directe des assurés sur les dommages corporels issus de la même catégorie de risques Le tarif de l'assurance automobile est-il appelé à augmenter ? Il y a actuellement un projet en cours de réflexion qui prévoit un réajustement du tarif assurance automobile de façon à le mettre en adéquation avec les coûts de gestion de cette branche, qui reste jusque-là déséquilibrée. Mais dans l'immédiat, aucune majoration des tarifs de l'assurance automobile n'est encore prévue. Il sera tout simplement question de systématiser le principe du bonus et malus, à travers la mise en place d'un fichier des conducteurs. Ceci permettra d'assurer un suivi systématique des conducteurs et d'appliquer en conséquence les rabais et majorations sur les primes d'assurances, suivant la fréquence des sinistres enregistrés. L'assurance-vie demeure le parent pauvre du secteur des assurances en Algérie... La branche assurances de personnes, de manière générale, reste en effet le talon d'Achille de l'activité d'assurance en Algérie. Elle représente à peine 5% du portefeuille des risques assurés par les différentes compagnies. Ceci étant, le secteur œuvre actuellement pour promouvoir cette importante branche en procédant notamment à la mise en place d'un cadre réglementaire plus approprié et plus à même d'assurer son développement. Pouvez-vous nous donner une première évaluation sur le dispositif d'assurance contre les calamités naturelles (CAT-NAT) une année après son lancement ? Au bout d'un premier exercice de commercialisation de l'assurance obligatoire contre les catastrophes (CAT-NAT), le constat majeur qui a été tiré est que jusque-là l'on a surtout enregistré une bonne adhésion à ce dispositif pour ce qui est de la catégorie des entreprises et des activités industrielles. En revanche, pour la catégorie des particuliers, le taux de pénétration reste encore très faible.