Le constat dressé par les professionnels lors du IVe Forum des assurances, tenu les 28 et 29 novembre dernier à Alger, a été sans équivoque : le secteur national des assurances s'essouffle.Le temps est plus que jamais à la réforme. Les dix ans d'ouverture et de libéralisation ont, certes, permis au secteur de gagner en volume à travers notamment la multiplication des acteurs publics et privés mais sans plus. Les chiffres et les statistiques traçant l'évolution du secteur des assurances en Algérie sont très illustratifs. Sous les 13% de croissance enregistrés par le secteur au cours des cinq dernières années se cache, une " très faible profitabilité ", a reconnu le directeur des assurances au ministère des Finances, Mohamed Seba. Le taux de rémunération du marché, révèle-t-il, " est passé de 12% en 2000 à seulement 4% aujourd'hui ". Une stagnation qualitative de l'offre a marqué les compagnies d'assurance caractérisée par la mise sur le marché des mêmes produits génériques (80 à 85) et une désorientation de la concurrence qui portait beaucoup plus sur les prix et non sur la qualité. L'assurance personnes dont le développement a été l'objectif principal de la libéralisation marque toujours le pas et son taux n'excède pas encore les 5% contre 95% pour les assurances dommages. Les raisons de la stagnation ont été décortiquées par les professionnels du secteur qui imputent une telle situation à plusieurs facteurs contraignants. Les limites professionnelles induites par le manque de ressources humaines qualifiées et le manque de formation figurent, d'après le secrétaire permanent du CNA, Abdelmadjid Messaoudi, en tête des écueils se dressant devant le développement de l'assurance en Algérie. La faible attractivité des capitaux et l'insuffisance d'encadrement du marché en matière, notamment de structures de contrôle sont aussi parmi les facteurs de blocage. Assainir l'activité de l'assurance est devenue ainsi une priorité des pouvoirs publics qui viennent de pondre un texte de loi, en l'occurrence l'ordonnance 95-07 dont l'objectif est l'amélioration de "la solvabilité et de la profitabilité du secteur des assurances ". Réaménagement Le texte de loi qui atterrira dès cette semaine à l'APN annonce en fait un profond réaménagement du secteur tant sur le plan réglementaire qu'organisationnel. Il propose un certain nombre de dispositions de nature à créer les conditions d'un marché porté par une croissance réelle, une activité maîtrisée des risques contrôlés. La loi préconise ainsi de répondre à trois principaux soucis : la stimulation de l'activité, la sécurité financière et la gouvernance des entreprises ainsi que la réorganisation de la supervision des assurances. Parmi les mesures prévues au titre de la stimulation de l'activité, on notera entre autres "l'élargissement du champ de l'assurance de groupe qui reste actuellement limité au personnel de l'employeur souscripteur, aux autres groupes qui représentent une même communauté de risques (client par exemple)", "de doter l'assuré d'un pouvoir de renonciation à son contrat d'assurance-vie avec récupération des primes payées", "d'imposer à l'assureur une information complète et régulière de l'assuré sur le contenu de son contrat d'assurance-vie" et "la séparation juridique entre les assurances de personnes et assurances dommages".