Début avril, Abdelaziz Bouteflika, 74 ans, aura douze ans au pouvoir. Période marquée par la fermeture politique presque totale dans le pays. Le blocage d'agrément de nouveaux partis sans aucune base légale est la parfaite illustration de cette situation. Pour « célébrer » l'an II de son troisième mandat, le président de la République aura peut être à faire une halte, à étaler sa «moisson», présenter un bilan pour convaincre une opinion publique de plus en plus inquiète par l'immobilisme qui freine l'Algérie. L'absence de projet politique démocratique pour le président actuel renforce l'idée que le pays tourne en rond. La société a été « dépolitisée », l'université coupée des réalités sociales, les jeunes et les compétences mis en marge. Les projets de réformes entamés au début du premier mandat en 1999 n'ont abouti à rien sauf à produire une tonne de papiers. La justice est-elle plus indépendante ? L'administration est-elle moins bureaucratique ? La déperdition scolaire est-elle moins importante ? Justice, Etat et école étaient pourtant les chantiers de départ du successeur de Liamine Zeroual. Depuis son arrivée à la présidence de la République, Bouteflika n'a jamais pris soin d'organiser une consultation publique avec l'opposition, la société civile et les personnalités nationales sur les grandes décisions qui concernent la nation. Il décide seul. Il en assume les échecs. Lui et ceux qui le soutiennent. En face, la société politique semble se réveiller. Elle est secouée et encouragée par le climat persistant de révolte qui traverse les pays arabes. Les jeunes, grâce à la communication rapide permise par l'internet et les réseaux sociaux, reprennent goût à l'action contestataire. Ils s'organisent, en évitant autant que faire se peut les manipulations et les pièges, à travers des groupes. Des partis tentent de casser l'interdit-inacceptable- de marcher dans les villes algériennes. D'autres partis avancent de nouvelles idées alors que des personnalités politiques, à l'image d'Ahmed Benbitour et de Abdelhamid Mehri, font des propositions pour sortir l'Algérie de la profonde crise de confiance. Changer les modes de gestion, devenues archaïques, du pays est, pour eux, une urgence. L'Algérie ne peut plus perdre de temps. La rupture est aujourd'hui vitale. La réhabilitation du politique, plus que nécessaire, permettra d'accélérer cette rupture et de remettre le pays sur rail. En 2011, tout est possible. Après, il faudra peut être consulter le calendrier Maya.