Le président Bouteflika boucle la première année de son troisième mandat. Avec le constat pour les Algériens qu'ils l'auront peu entendu et vu sur le terrain. Son mutisme et son effacement les intriguent bien évidement, d'autant que cet étrange comportement a fait fleurir la rumeur et ouvert le libre cours aux spéculations les plus hasardeuses. Le Président réélu en avril 2009 n'est certes plus aussi fringant que quand il a accédé au pouvoir. Normal par conséquent qu'il ait décidé de réduire son rythme d'action. Mais le régime présidentiel a ses exigences, dont celle que les citoyens attendent du chef de l'Etat qu'il ne s'enferme pas dans le silence et l'invisibilité. Faute de quoi, ils prennent aisément pour argent comptant le bruit de «vacance au sommet de l'Etat», que des milieux plus ou moins bien intentionnés s'empressent de répandre. Bouteflika est parfaitement bien renseigné des interrogations que se font les Algériens quant à son comportement. Il a laissé faire. Sauf que cette situation ne peut durer car les citoyens lui imputent, à tort ou à raison, tous les dysfonctionnements, les fléaux et problèmes dont le pays est affligé. Selon des sources se disant bien renseignées, le chef de l'Etat va rompre son silence à l'occasion du premier anniversaire de sa réélection. Une conférence des cadres de la Nation, convoquée pour cette circonstance, lui offrira la tribune à partir de laquelle il s'adressera au peuple. Il est indispensable que Bouteflika dise aux Algériens ce à quoi ils doivent s'attendre durant son troisième mandat. Ils savent certes qu'il a promis la continuité sur l'essentiel avec ce qu'ont été les politiques et les objectifs qu'il a assignés au pays tout au long de ses deux premiers mandats. Mais au vu de l'immobilisme et du manque de perspective qui ont marqué cette première année de son troisième mandat, la continuité que leur a promis Bouteflika les inquiète. Car ils y voient la reconduction d'un mode de gouvernance dont ils ont espéré la réforme, sinon l'abandon. En tous les cas, le chef de l'Etat ne peut faire durer cette impression de «vacance au sommet de l'Etat», dont beaucoup d'Algériens commencent à admettre la réalité. Il lui faut montrer qu'il n'a pas «perdu la main», comme le prétendent ses détracteurs, qu'il n'est pas redevenu un «président trois quarts», tel qu'ils se plaisent à le présenter en s'appuyant sur l'argument de son mutisme et de son effacement. Qu'il ait pris du recul pour réfléchir aux solutions et moyens de redynamiser l'élan pris par le pays durant ses deux premiers mandats, cela est compréhensible. Sauf que ceux sur lesquels il s'est reposé de la gestion des affaires courantes du pays durant cette période ont fait dans l'incohérence et le manque de hauteur de vue, au point de faire douter les Algériens sur tout et tous. Alors la continuité, oui. Mais pour les grands axes de la politique gouvernementale. Pour le reste, il y a nécessité d'insuffler du sang nouveau.