Eclaboussé ces derniers mois par plusieurs affaires de détournement et de transfert illégal de fonds, le secteur bancaire algérien pèche par un manque considérable en contrôle interne. La mission exercée par la Banque d'Algérie en tant que superviseur et contrôleur externe des banques et établissements financiers est loin d'être suffisante pour « discipliner » le secteur. Le contrôle interne au sein des banques a également, au même titre que la supervision de l'autorité monétaire, une grande part de responsabilité dans l'anticipation sur différents risques bancaires. C'est le message principal qu'a voulu faire passer la Banque d'Algérie hier lors d'une rencontre portant sur le thème du contrôle interne dans les banques, tenue au siège de l'institution. Pour cela, l'autorité monétaire a fait appel à trois experts du Fonds monétaire international (FMI), invités spécialement pour éclairer nos banquiers sur ce qu'est le contrôle interne et son rôle dans la sécurité financière de leurs établissements financiers. Le FMI, faut-il le souligner, assiste depuis les cinq dernières années la Banque d'Algérie dans le domaine du contrôle interne. Tour à tour, M. Frecaut, expert financier senior au FMI, MM. Chaize et Trimoulla, experts consultants pour le FMI, ont démontré à travers leurs communications schématiques et détaillées comment se constituent les structures de contrôle interne au sein des banques, leur composante humaine, leurs procédés opératoires et les missions qui leur sont assignées. Avant de conclure sur la nécessité et l'intérêt des banques de disposer d'un système d'information et de contrôle fiable et performant qui leur fournisse toute une batterie d'indicateurs leur permettant de remplir au mieux leurs missions respectives. De son côté, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a tenu à préciser dans son allocution que le dispositif algérien de contrôle et de supervision est « en phase avec les normes internationales en la matière, mais les missions de contrôle sur place en Algérie sont plus denses par rapport au reste du monde ». Un dispositif qui a fait l'objet, ajoute-t-il, d'une évaluation conjointe FMI-Banque mondiale en 2003 dans le cadre du programme FSAP. Comme pour démontrer la carence accusée par les banques publiques en matière de contrôle interne, M. Laksaci dira : « La multiplication et l'intensification des missions de contrôle sur place, effectuées par les inspecteurs de la Banque d'Algérie dans le cadre du programme de la commission bancaire, ont permis de couvrir certains domaines relevant du contrôle interne des banques et établissements financiers. » Il est attendu aujourd'hui des banques de la place, a-t-il précisé, à ce qu'elles prennent en charge complètement l'ensemble des domaines de contrôle interne. Ceci constitue pour les banques, d'après lui, « le meilleur garant d'une gestion saine des risques bancaires ». Toutefois, malgré les défaillances enregistrées au niveau de certaines banques publiques, « l'analyse des indicateurs de santé financière montre que le système bancaire en Algérie connaît une stabilité globale appréciable », estime le gouverneur de la BA qui reste optimiste quant à l'avenir du secteur et sa sécurité financière.