Un hommage a été rendu, hier, lors d'une cérémonie qui s'est déroulée à l'ambassade d'Italie à Alger, à Enrico Mattei, résistant italien, président de l'ENI, mais aussi défenseur de la cause indépendantiste algérienne. Et c'est d'ailleurs l'Algérie, par le biais de la fondation Slimane Amirat, qui a tenu à décerner, à titre posthume, une distinction à cet ami de l'Algérie. C'est devant une pléiade de personnalités diplomatiques mais aussi culturelles que la cérémonie a eu lieu. «Il est tout à fait émouvant que ce prix soit décerné à la mémoire de ce grand homme qu'était Enrico Mattei», s'est enthousiasmé, dans son allocution d'ouverture, Giampaolo Cantini, ambassadeur d'Italie à Alger. Démocrate convaincu, M. Mattei était un farouche opposant au fascisme qui faisait rage en Italie dans les années 1940. «Il a surtout contribué, de par sa nomination à la tête de l'ENI, à la reconstruction économique d'une Italie laminée par la Seconde Guerre mondiale», a ajouté l'ambassadeur. La distinction honorifique a été remise à Giuseppe Accorinti, président de la grande école Enrico Mattei, des mains de Zoubida Amirat, présidente de la fondation éponyme. «Il n'a pas hésité à s'indigner de la situation d'injustice qui avait cours en Algérie. Il a d'ailleurs offert une tribune au FLN dans les colonnes d'un journal milanais. Il était l'une des personnalités publiques les plus critiques envers le système et la politique du colonisateur français», a souligné Mme Amirat. M. Mattei n'a ménagé aucun effort afin de sensibiliser l'opinion publique internationale sur les atrocités commises par la force coloniale française en Algérie. Il faisait partie des signataires d'un plaidoyer pour l'indépendance des colonies adressé au secrétaire général de l'ONU. Mais, avant cela, il se distingua en refusant toute exploitation dans le Sahara algérien tant que l'Algérie n'était pas indépendante. Par la suite, il entretint d'étroits contacts avec le Gouvernement provisoire algérien (GPRA). «Il a même été soupçonné d'avoir fourni des carburants à l'ALN et des armes au GPRA», précise Mme Amirat. D'anecdotes en boutades, M. Accorinti narre, quant à lui, un Mattei humain, chaleureux, collaborateur consciencieux et adulé qui, malheureusement, s'en est allé trop tôt. Enrico Mattei, porteur de «l'humanité réconciliée», est mort dans un accident d'avion le 27 octobre 1962, quelques semaines après la proclamation de cette Algérie libre à laquelle il aspirait tant. Et la requête commune à tous les intervenants est la baptisation d'une rue d'Algérie à son nom. «Il est temps que les autorités nomment un lieu du nom de cet ami de l'Algérie», ont plaidé l'ambassadeur ainsi que Mme Amirat.