En tant que secteur d'activité, l'artisanat est bien placé pour compter parmi les principales sources de revenu pour la création de la valeur ajoutée dans cette région du pays. Mais, les atouts identifiés dans ce domaine, nombreux soient-ils, sont peu développés. La situation du bijou d'Ath Yenni illustre cette situation. Pourtant, dans un passé récent, cette activité faisait vivre des centaines de familles dans la région.Les activités artisanales jouent un rôle tellement important dans la vie socioéconomique, des manifestations sont annuellement organisées, à l'instar de la fête du bijou qu'abrite la localité d'Ath Yenni. Globalement, il est nécessaire de relever que depuis quelques années, les métiers traditionnels ont connu une certaine régression à la faveur de la migration massive des anciennes familles d'artisans vers les créneaux d'activité modernes. Comme l'a si bien décrit une enseignante à la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, Mme Akkache : «Le secteur de l'artisanat en Kabylie vit son déclin depuis près de deux décennies. Pourtant, depuis longtemps, l'activité artisanale a complété les revenus agricoles et la Kabylie demeure le foyer le plus important de l'artisanat en Algérie». Outre la tendance des artisans à fuir ce créneau, notamment durant la décennie 1990, la pénurie des matières premières et le manque de soutien ont étroitement contribué au déclin des métiers traditionnels. Dans l'ensemble, parmi les facteurs ayant joué au détriment de ces branches d'activité, la même enseignante évoque «l'évolution technologique, l'apparition des métiers à référent industriel et la libéralisation du marché qui ont porté un coup funeste aux conceptions artisanales anciennement connues. Ce n'est pas tout, puisque, au-delà de l'environnement socioéconomique et commercial qui ne joue pas intensivement en faveur de développement des activités artisanales, la situation sécuritaire dans la région, depuis l'avènement du fléau terroriste, a précipité les métiers traditionnels vers la régression». En outre, à la faveur de la mise en œuvre des dispositifs de soutien à l'emploi, notamment celui du microcrédit de l'Angem, plusieurs activités traditionnelles commencent à reconquérir leur place d'antan dans le milieu socioéconomique en Kabylie. En effet, dans le cadre de ce dispositif, près de 4500 microprojets ayant généré près de7 000 emplois ont été créés dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis 2005 à la fin 2010. Le financement pour ce nombre de demandes de prêt a été assuré pour plus de 6000 dossiers déclarés éligibles par la commission compétente au cours de cette période, ont expliqué les responsables de l'agence locale de l'Angem. La majorité des bénéficiaires de ces prêts, exonérés d'intérêts, se comptent dans les rangs des femmes au foyer, telles que les tapissières, les potières, les couturières et autres artisanes en butte à des difficultés de financement des approvisionnements en matières premières. En tout cas, les chiffres de l'Angem font ressortir un engouement remarquable des jeunes femmes pour ces petits métiers, exercés souvent à domicile. Elles constituent ainsi 74% des bénéficiaires de ce dispositif depuis sa mise en œuvre en 2005, avec près de 5000 femmes sur un total de 6500 bénéficiaires. De leur côté, les artisans de la région tirent la sonnette d'alarme sur les effets néfastes qu'ils subissent sur le marché local avec l'arrivée massive du produit importé et les retombées de la concurrence déloyale et agressive qui s'est érigée en règle depuis l'ouverture sur l'économie mondiale. Lesquelles pratiques sont accompagnées du phénomène de la contrefaçon à la faveur de l'absence de dispositifs de contrôle adéquats. Le produit chinois est ainsi considéré comme étant la principale menace qui risquerait d'engloutir le produit artisanal local. Selon un nombre d'artisans de Tizi Ouzou, ce sont notamment les produits comme l'habillement traditionnel, la tapisserie, la vannerie, la poterie et la menuiserie décorative qui sont le plus touchés par cette concurrence qui ne respecte aucunement le jeu du libre marché. «Les objets importés sont proposés sur le marché noir à de très bas prix. Avec la dégradation du pouvoir d'achat, donc les consommateurs se basent sur le paramètre prix en se rabattant sur le produit le moins cher sans tenir compte de la qualité», un représentant de l'association des artisans de Tizi Ouzou.