Conséquence directe des dégâts infligés aux infrastructures pétrolières et des sanctions internationales, les exportations de pétrole libyen – près de 1,3 million de barils par jour – vont manquer sur le marché pour un temps considérable. C'est le constat fait par l'Agence internationale de l'énergie qui défend les intérêts des grands pays consommateurs regroupés au sein de l'OCDE. La production globale de pétrole libyen serait déjà presque à l'arrêt après le départ des compagnies internationales. Même si le manque a été compensé par d'autres pays producteurs, le marché ne peut pas ignorer l'absence du pétrole libyen qui, vu sa qualité grâce à sa faible teneur en soufre, est très demandé par les raffineurs. Le marché, qui avait reculé ces derniers temps, a tout de suite réagi après les premières frappes militaires. L'intervention armée qui a débuté le week-end dernier a fait grimper les cours du pétrole dès l'ouverture du marché, lundi matin. Après l'Irak, c'est au tour de la Libye de subir les frappes militaires. Il faut dire que le dirigeant libyen El Gueddafi a tout fait pour mener son pays vers la chaos en s'érigeant en véritable potentat, en décidant de mener une véritable guerre contre son propre peuple et en s'isolant sur la scène internationale. Mais il faut reconnaître que sans ses importantes réserves de pétrole, la Libye ne serait pas sur le devant de la scène internationale avec cette intervention militaire. On peut citer plusieurs régions du monde où les citoyens subissent des affres aussi graves, sinon plus, mais qui n'attirent pas l'attention de la coalition qui s'est formée contre le régime du dirigeant libyen. Avec un potentiel estimé à près de 46 milliards de barils, soit quatre fois celui de l'Algérie, la Libye est le premier pays pétrolier d'Afrique. Et ce, sans compter ses ressources en gaz qui sont d'environ 1500 milliards de mètres cubes. Vu le nombre d'habitants, environ 6 millions, on peut affirmer que la Libye est une puissance pétrolière. Si l'opération telle qu'elle a été décidée obéit à un objectif humanitaire, la pratique voudrait qu'elle se transforme en un objectif d'occupation. Et il n'est pas exclu que le schéma irakien soit transposé sur les rives sud de la Méditerranée. Dans ce cas-là, le marché pétrolier risque de rester instable pendant longtemps encore.