Dix-neuf personnes impliquées dans le détournement de 12 milliards de dinars à l'agence BADR de Birkhadem ont été présentées, mercredi dernier, devant le procureur de la République. Neuf d'entre elles ont été placées sous mandat de dépôt, quatre sous contrôle judiciaire alors que les autres ( six) inculpées ont bénéficié de la liberté provisoire. Après le scandale du détournement de 15 milliards de dinars à la BNA, celui des importants prêts sans garanties suffisantes accordés à Tonic Emballage par la BADR, voilà que le secteur des banques, un secteur qualifié de goulot d'étranglement de l'économie nationale, se voit porter un autre sacré coup. La conférence de presse animée, hier, par le directeur adjoint de l'ONRB, le commissaire Salah Derradji, a dévoilé que suite à une enquête approfondie de plus de cinq mois, les enquêteurs de l'ONRB ont pu établir une complicité au plus haut niveau de l'administration centrale dans cette opération qui avait débuté en 2002 : « La responsabilité de cette situation incombe aux différents intervenants dans cette affaire, à commencer par le directeur général adjoint, les trois responsables qui se sont succédé à la tête de cette agence, le groupe régional d'exploitation, la direction des financements des grandes entreprises ainsi que la direction centrale des crédits. » La complicité de l'Ex PDG de la BADR n'a pas été relevé a indiqué le conférencier : « L'ex-PDG étant donné qu'il est le président de la commission des crédits n'est pas impliqué dans cette affaire, selon les premiers éléments de l'enquête. » Le pot aux roses a été découvert par les éléments de la brigade centrale économique et financière suite à la décision du nouveau PDG de la BADR d'arrêter les discounts ou opérations de traites. C'est ainsi que des traites de complaisance ont été accordés, depuis 2002, au responsable du groupe Degimex, dont le siège social est situé à Blida. Ce groupe compte trois SARL spécialisées dans l'industrie agroalimentaire et l'importation de céréales et des matériaux de construction. Les sociétés créées par le gérant de ce groupe et deux de ses complices ont été utilisées pour le recouvrement des traites impayées, évaluées à 5 millions de dinars. « Dès que les traites arrivent à échéance, un versement est effectué aux comptes bancaires des SARL qui , à leur tour, transfèrent l'argent vers le compte de la BADR », atteste le conférencier. Les SARL, précise l'orateur, n'ont réalisé aucune opération commerciale depuis leur création. Elles avaient un compte bancaire au niveau de l'ABC banque, ouvert pour les transactions frauduleuses. Ce même gérant a pu bénéficier de pas moins de 7 milliards de dinars comme crédit d'investissement et d'importation, sans qu'il présente des garanties recouvrant le montant accordé. Interrogé sur la destination des 1200 milliards de centimes détournés, le conférencier attestera que cette affaire suite son cours et , pour cause de secret d'instruction, il ne peut s'étaler davantage sur ce sujet. Une affaire similaire sera divulguée incessamment à la presse conclut le conférencier qui précise que le préjudice financier causé au Trésor public est beaucoup plus important.