Les nouvelles modalités de gestion des recrutements dans le secteur pétrolier, prises en charge par les collectivités locales, n'apaisent en rien leur colère. Entre les notables et les chômeurs, le courant ne passe pas. Les chômeurs de Ouargla s'organisent et n'en démordent pas. Leurs revendications sont toujours à l'ordre du jour et les sorties médiatiques annonçant de nouvelles modalités de gestion des recrutements dans le secteur pétrolier, prises en charge par les collectivités locales, n'apaisent en rien leur colère. Pour eux, l'absence des dignitaires officiels de Ouargla à la dernière rencontre avec le ministre de l'Intérieur peut être perçue comme une reconnaissance tacite de leur protestation qui n'a jamais reçu la bénédiction du comité des notables. De toutes les manières, la non-reconnaissance est mutuelle puisque certains dignitaires ont exprimé en haut lieu leur désaccord avec la contestation juvénile mais officiellement, la mésestime et le dédain, voire la discréditation, jouent un rôle non négligeable dans l'approfondissement du fossé qui sépare désormais les jeunes de leurs aïeux depuis le déclenchement des premières émeutes en 2004. Elles sont à l'origine de la répression du mouvement de contestation, de ses dérapages mais aussi de sa persistance tout au long de ces sept dernières années. Et le sentiment grandissant de non-représentativité ressenti par les jeunes envers les vénérables dignitaires marque aujourd'hui la rupture entre deux visions, celle, passive, attendant les dons de l'Etat et l'autre, active, militant pour des droits qu'ils estiment non acquis et une équité bafouée. Ce qui se prépare actuellement à Ouargla est une riposte aux dernières répressions musclées des autorités et des forces de sécurité. La riposte Du côté des notables, c'est finalement le cheikh de la zaouïa Qadiria qui a été l'unique dignitaire de Ouargla à prendre part à la rencontre préparatoire de la tournée du chef de l'Etat dans l'extrême Sud, programmée dans les jours prochains. Les notables, officiellement reconnus par les autorités locales, ont lu l'information dans la presse et le comité des sages des différentes tribus ainsi que les chefs de file des communautés malékite et ibâdite infiltrés par quelques entrepreneurs et magnats, confortablement installés dans la ville, expliquent le fait par une absence d'activité et de communication avec les instances nationales. Hormis quelques manifestations officielles depuis l'installation du nouveau chef de sûreté de wilaya ou du wali de Ouargla, ce comité est aux abonnés absents malgré l'actualité bouillonnante. Aucune réunion, aucun communiqué ou rencontre avec la presse depuis plusieurs semaines alors que la région est en proie à une agitation sans précédent et des manifestations quasi quotidiennes de la colère et de l'exaspération des différentes couches sociales. Pour ces sages, leur cloisonnement a engendré cette exclusion qu'ils vivent sûrement comme une offense à leur amour propre mais sans plus. La riposte, ce sont les jeunes qui la préparent, et eux ils réclament des enquêtes approfondies et des décisions palpables en leur faveur.