«Les émeutiers seront poursuivis en justice», a-t-il précisé. Au lendemain des pourparlers tenus entre le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et des représentants des manifestants à Ouargla, M.Yazid Zerhouni a douté de la spontanéité de ce mouvement de protestation. Dans une déclaration, en marge de la visite du président dans la wilaya, le ministre de l'Intérieur a expliqué qu'«au niveau de l'Exécutif, nous n'excluons pas la thèse de la manipulation», sans apporter de détails sur les identités et les objectifs des instigateurs présumés de cette contestation. Cela dit, Zerhouni suggère un lien direct entre la campagne visant à discréditer la candidature de Bouteflika et le soulèvement des Ouarglis. Il poursuit sur sa lancée en affirmant que les «jeunes interpellés et relaxés samedi dernier auront à répondre devant la justice». Une déclaration qui sonne comme un avertissement aux oreilles des émeutiers et ce, dans une tentative d'endiguer la colère sociale. Mais, les jeunes Ouarglis ne décolèrent pas pour autant. Dans la soirée de lundi, des dizaines de jeunes ont bloqué la route de Aïn El Beïda. Un important dispositif sécuritaire a été dépêché sur place pour ouvrir ce tronçon à la circulation. Dans la même soirée, les émeutiers s'en sont pris au central téléphonique de la ville, le plus important de la région. Et, au moment où Zerhouni animait sa conférence de presse, l'université de Ouargla, et la cité universitaire ont été prises d'assaut par les jeunes émeutiers. Ces derniers refusent de baisser les bras, ce qui dénote de l'échec de la rencontre tenue dans la soirée de lundi qui a duré trois heures, entre le ministre de l'Intérieur et les représentants des émeutiers. Yazid Zerhouni a rebondi sur ces négociations. Parmi les principaux points évoqués, l'on citera la mise en place d'une commission interministérielle appelée à se pencher sur les problèmes de la wilaya. Il y a aussi cette promesse faite par Zerhouni de «réévaluer et de revoir les dispositifs et les conditions de recrutement au sein des sociétés pétrolières» et ce, ajoute-t-il, pour «corriger les éventuelles défaillances». Cet engagement vient à contre-courant, des déclarations de M.Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines qui a estimé «qu'il n'y a rien à réviser dans les modalités du recrutement». Dans un autre chapitre, le ministre a exclu la suppression du laisser-passer pour l'accès à Hassi Messaoud, liant cela à «des raisons sécuritaires». «La guerre contre le terrorisme n'est pas encore gagnée. C'est une zone névralgique qu'il faut absolument sécuriser», a-t-il insisté. Selon un responsable local qui a assisté à la rencontre entre Zerhouni et les représentants des manifestants, ces derniers ont donné un ultimatum de 15 jours au gouvernement pour satisfaire leurs revendications. Dans le cas contraire, ils menacent de radicaliser leur mouvement. De son côté, le chef de l'Etat n'a fait aucune allusion directe aux troubles qui ont secoué Ouargla. «C'est du mépris à l'égard des jeunes», témoigne un habitant de la ville. La seule déclaration de Bouteflika qui peut être interprétée comme une réponse aux manifestants a été de dire: «Sonatrach et le pétrole algérien ne peuvent pas résoudre les problèmes du pays». C'est ce qu'il a déclaré à Hassi Messaoud, comme pour répondre au désarroi des milliers de chômeurs que compte la wilaya. Il y a également l'enveloppe complémentaire de 6,1 milliards de dinars qui «vient conforter les efforts déployés par l'Etat depuis quatre ans», souligne le ministre de l'Intérieur. Ce dernier persiste dans son soutien au président-candidat, estimant que les choix stratégiques du président ont fini par porter leurs fruits. Il cite, à titre d'exemple, le plan de relance économique et les différents programmes de développement local qui ont «permis la création de plus d'un million d'emplois. Et ce n'est pas grâce à la rente pétrolière que ces résultats ont été réalisés», insiste le ministre, qui met ces réalisations sur le compte de «la rigueur dans les méthodes et les politiques engagées».