Un poète peut-il mourir ?, dernier documentaire d'Abderrazak Larbi Cherif consacré à la première plume victime du terrorisme en Algérie, Tahar Djaout, a été présenté en ouverture du Festival du film amazigh le 19 mars dernier. -Comment est né ce documentaire ? Ce travail a été entamé depuis longtemps. Ça a commencé par l'intérêt personnel que je porte aux écrits littéraires, en particulier, de Tahar Djaout. Je suis fasciné par son style et le talent de cet écrivain. Il symbolise pour moi la nouvelle génération d'écrivains post-colonialisme. Lorsque j'ai commencé à travailler à la Télévision algérienne, j'ai commencé à penser à en faire un documentaire. J'avais déjà réalisé une première mouture, diffusée il y a cinq ans. Mais j'ai ressenti le besoin de retravailler dessus pour en faire ce qu'il est aujourd'hui. -Le documentaire est constitué de témoignages, en grande partie… J'ai voulu montrer une autre facette de Tahar Djaout, son enfance par exemple. Je me suis adressé à son épouse qui n'a pas souhaité témoigner. Je me suis aussi adressé à sa soeur aînée, à ses collègues et amis de l'époque d'El Moudjahid, Alger Républicain et Ruptures. J'ai notamment eu le témoignage de Louis Gardel, qui a fait la rencontre de Tahar Djaout par l'intermédiaire d'Emmanuel Roblès et qui a édité son premier roman Le chercheur d'os aux éditions Le Seuil. Une amitié était née de leur collaboration. Je me suis aussi demandé s'il était connu sur la scène internationale et me suis adressé à des écrivains tels que le Marocain Tahar Ben Jelloun.
-Le titre est évocateur, que représente-t-il pour vous ? Le titre est une question et une réponse en même temps. Les artistes ne disparaissent pas, ils restent parmi nous à travers les œuvres qu'ils ont laissées. Comme dit Louis Gardel dans le documentaire, «les poètes et les écrivains finissent par revenir». -Prévoyez-vous une projection à Alger ? Je suis déçu par les conditions dans lesquelles a été projeté le documentaire au Festival du film amazigh. Alors qu'il y avait foule, la qualité technique de l'image et du son laissait à désirer, car la salle n'était pas adaptée. Le public avait du mal à entendre tout ce qui se disait à l'écran. Une autre projection a bien été programmée le lendemain à la maison de la culture et la qualité était meilleure, mais cette fois-ci le public n'était pas au rendez-vous. Donc, je suis en train de réfléchir à une meilleure manière de présenter le film à Alger. -Une diffusion à la télévision algérienne ? Probablement. Le documentaire doit être mis à la portée d'un large public. Je pense aussi à des chaînes étrangères dans sa version française. -Le documentaire existe en versions kabyle et française, envisagez-vous de faire une en arabe ? Je l'ai fait en kabyle pour les besoins de ce festival. C'est possible qu'il y ait une troisième version en arabe si la télévision algérienne désire le diffuser dans cette langue. -On vous connaît en tant que journaliste et animateur, comment s'est opérée la reconversion ? A vrai dire, mon premier documentaire remonte à 1993 et j'ai suivi une formation de réalisation en France. Du reste, c'est une question de circonstances et de moyens. -Quels sont vos futurs projets ? Je travaille actuellement sur un documentaire sur les événements d'Octobre 61 à Paris. Si tout va bien, il devrait être projeté en octobre 2011, à l'occasion du cinquantième anniversaire de ces événements.