Des adolescents sont toujours là à fouiner dans les monticules d'ordures à la recherche d'objets susceptibles d'avoir la moindre valeur marchande.Par la force des choses et de la…misère, ils ont fait de cette décharge publique leur gagne-pain. Une escouade de jeunes écume chaque jour que Dieu fait la décharge publique d'El Kseur, une grosse plaie purulente nichée dans un écrin de verdure. Leur âge oscille entre 13 et 17 ans. Leur destin rappelle étrangement celui des personnages de «l'Olympe des infortunes», un roman à succès de l'écrivain Yasmina Khadra. A ceci près, cependant, que ces infortunés mioches n'ont rien de marginaux, encore moins de desperados. «Je suis ici depuis 2008, année où je me suis fais viré de l'école suite à des résultats catastrophiques. J'ai atterri sur cette décharge par pur hasard. Je cherchais des asperges dans les parages quand je suis tombé sur un matériau de rebut que j'ai, par la suite, troqué contre quelques piécettes. C'est ainsi que l'idée d'en faire une activité a germé dans ma tête», se remémore Toufik, vraisemblablement le plus âgé d'entre ces jeunes. «Je dois avouer, ajoute-t-il, que ce n'est pas de gaîté de cœur que je passe le plus clair de mon temps dans cette satanée décharge mais que j'y suis contrains et forcé, ne serait-ce que pour avoir une certaine autonomie financière». Par cette moite et brumeuse matinée de début mars, l'air dans le périmètre de la décharge d'El Kseur, qui semble en perpétuelle combustion, est irrespirable. Odeurs pestilentielles Les pestilences des déchets disséminés à perte de vue emplissent l'atmosphère. Mais qu'à cela ne tienne, semblent se dire nos sémillants jeunes hommes, qui sont toujours là à fouiner dans les monticules d'ordures à la recherche de quelque objet susceptible d'avoir la moindre valeur marchande. «Cela n'a rien d'une sinécure, car il faut braver le mauvais temps, les mauvaises odeurs, la fumée et s'exposer à un tas d'autres dangers pour du menu fretin», lâche sur une pointe de dépit Djamel, un autre môme qui nous dit préférer se contenter de clopinettes, même à ses risques et périls, que de devoir verser dans le chapardage ou tendre la sébile. «Nous recherchons surtout les déchets métalliques, tels que le fer, le cuivre, l'aluminium et le zinc. Des métaux que nous refilons aux récupérateurs de déchets installés aux abords de la RN9», nous confient ces jeunes qui, par la force des choses et de la…misère, ont fait de cette décharge publique leur gagne-pain.