Le secteur de la santé est secoué par une forte vague de protestation. Un mouvement qui risque de pénaliser sérieusement les centaines de malades affluant vers les établissements de santé publique qui fonctionnent déjà au ralenti. Les grèves cycliques qu'a connues le secteur depuis plusieurs années, initiées par les médecins gradés (spécialistes, généralistes et hospitalo-universitaires), dont les revendications restent encore insatisfaites, ont laissé place aux étudiants en stage interne et aux résidents. Un personnel qui assure l'activité intense que connaissent les CHU du pays. Ils assument une charge importante de travail dans des conditions difficiles sans être assurés, pour autant, de leurs droits. C'est justement l'une des raisons qui ont amené les internes, étudiants en 7e année, à sortir de leur silence et crier leur désarroi : «Nous sommes les médecins à tout faire dans les différents services. Présent à l'hôpital toute la journée, le médecin interne reçoit des ordres de tous pour plusieurs tâches à la fois. Il reçoit le malade, participe à toutes les activités du service sous la responsabilité du résident, de l'assistant, du maître-assistant et du chef de service. Même les infirmiers nous commandent parce que nous sommes des étudiants. Il arrive que l'interne de garde se retrouve seul face à des patients admis en urgence sans aucune assistance d'un responsable hiérarchique. Il doit prendre une décision qui, pourtant, ne relève pas de ses prérogatives, mais il le fait quand même à ses risques et périls pour sauver le patient. Tout cela n'est pas pris en considération et le médecin interne ne bénéficie d'aucune prime, sauf d'une rémunération de 1900 DA par mois. Une aberration», ont tenu à dénoncer des étudiants internes reçus hier à notre rédaction. Le mouvement de grève de deux jours décidé après avoir sollicité toutes les voies hiérarchiques risque de se durcir si les deux tutelles, à savoir le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et celui de l'Enseignement supérieur, qui ont été destinataires de la plateforme de revendications le 7 mars dernier, ne répondent pas favorablement à leurs revendications. Cette grève de deux jours aura, sans aucun doute, un impact sur le déroulement des activités médicales dans les hôpitaux, surtout avec le maintien du débrayage des médecins résidents. Les internes se joignent ainsi au mouvement de grève des résidents à qui ils apportent tout leur soutien, sachant que leurs revendications sont les leurs, en l'occurrence pour ceux qui optent pour la spécialisation. Les deux tutelles, restées jusque-là sourdes aux revendications socioprofessionnelles des médecins, tous grades confondus, seront certainement dans l'obligation de trouver des solutions urgentes afin d'apaiser la colère d'un corps indispensable dans un secteur déjà fortement fragilisé.