Pendant que les titulaires de comptes à la poste se plaignent toujours du manque de liquidités, les autorités continuent à se plaindre que ce n'est pas de leur faute : «L'argent sort mais ne revient pas», a commenté le Premier ministre, Ouyahia, pour expliquer cette absurde crise à celui qui a de l'argent mais ne peut pas en disposer. Dans cette partie de tennis qui se joue évidemment avec l'argent du salarié, c'est à qui se plaindra le plus. Ou le mieux. Pourtant, comme c'est bien l'argent des Algériens qui est dans les caisses, on ne voit pas très bien pourquoi les autorités s'inquièteraient qu'il ne revienne pas. C'est probablement qu'il a été dépensé ou même brûlé, ce qui ne devrait pas non plus concerner les autorités. Demande-t-on à Ouyahia ce qu'il fait de son argent ? Non, mais «les fonds émanant des centres de chèques postaux ont augmenté de 250%. Où va donc cet argent ?» s'est encore interrogé le Premier ministre, soupçonnant les travailleurs d'acheter des armes, de spéculer sur l'immobilier, le ciment ou d'expatrier l'argent comme un vulgaire notable du régime. Là encore, Ouyahia n'a pas pensé que la vie avait augmenté et donc que les retraits aussi. Ou encore qu'il y a plus de travailleurs et de comptes CCP. Il ne pense pas ? Si, en réalité, le Premier ministre sait tout ça, mais la technique est de soulever une question qui n'a rien à voir avec le problème pour l'éviter quand celui-ci apparaît. Car au fond, si l'argent des travailleurs n'est pas disponible à la poste, c'est que c'est la faute à la poste ou à la Banque centrale. L'explication du problème est simple, mais cette facilité avec laquelle le Premier ministre insinue que les Algériens sont des tricheurs, des informels informes, des détourneurs de fonds et des violeurs de règles du marché est à la hauteur de ce qu'il pense des Algériens en général. En dehors du Président et du général.