Après une journée de protestation des journalistes et autres travailleurs du quotidien public El Moudjahid, M. Cherbal, directeur général de ce journal, a été limogé hier en fin d'après-midi. C'est Mme Naâma Abbès, ayant assuré la direction générale du quotidien Horizons, qui a été nommée à la tête d'El Moudjahid. C'est dans la salle de documentation que les journalistes et autres travailleurs donnaient, hier, libre cours à leurs revendications socioprofessionnelles, dénonçant la gestion entachée «d'opacité» prônée jusque-là par l'équipe directrice du quotidien. El Moudjahid, le doyen de la presse écrite, compte près de 80 employés au niveau de la rédaction d'Alger. Et «la majorité a adhéré au mouvement de protestation». Les protestataires étaient déterminés à «empêcher» la parution de l'édition d'aujourd'hui. La couverture de la visite effectuée hier par le président de la République à Tamanrasset risquait d'être «boycottée» par l'équipe d'El Moudjahid. Une première dans les annales de ce journal et un tracas sans précédent pour la direction de la communication du président Bouteflika. L'absence de ce tabloïd sur les étals aurait été une première. Raison pour laquelle des membres du conseil d'administration de cette entreprise ont entamé des pourparlers avec les protestataires. C'est ce qui expliquerait aussi la décision prise par la tutelle de mettre fin aux fonctions de M. Cherbal en poste depuis une dizaine d'années. «La nouvelle directrice s'est engagée à agir dans le sens favorable à la concrétisation de nos revendications», indique un représentant des grévistes d'El Moudjahid. Les travailleurs du quotidien, qui a vécu une journée «historique», ont repris le travail en fin de journée. Le quotidien paraîtra bel et bien aujourd'hui. Pour rappel, un sit-in avait été organisé, il y a près de quinze jours, pour les mêmes motifs. Les journalistes, les techniciens, les photographes et autres employés, qui ont «massivement adhéré à l'action», réclament, notamment, le reclassement légal de tout le personnel avec plus de transparence. Les jeunes journalistes recrutés après 1990 semblent particulièrement pénalisés par la méthode de gestion prônée par la direction depuis quelques années.