La photographie journalistique en Algérie a-t-elle évolué durant ces quinze dernières années ? Les titres de la presse nationale ont-il accordé une importance particulière à cet élément qui, il faut le dire, apporte aux lecteurs une idée précise du sujet abordé ou carrément un autre regard que celui du texte journalistique ? Des réponses à ces questions ont été apportées par Ouahab Hebbat, reporter-photographe et responsable de New Press, première et unique agence spécialisée dans la photographie journalistique en Algérie. Notre interlocuteur a estimé, d'emblée, que la majorité des titres de la presse nationale n'accordent pas une importance capitale à la photo. « L'évolution fulgurante des moyens technologiques dans le domaine de l'image, notamment avec l'introduction du numérique, explique-t-il, devait théoriquement se répercuter de façon positive sur la photo-presse, mais ce n'est pas le cas en Algérie. » Où se situe le problème ? « Doter les laboratoires d'un équipement sophistiqué ne suffit pas. Il faut surtout investir dans l'homme », a-t-il répondu. Quand M. Hebbat parle d'homme, il ne vise pas spécialement les photographes. Pour lui, la quasi-totalité des photos publiées sont bâclées. « Elles illustrent sans informer », a-t-il dit en précisant que la responsabilité n'incombe pas tant aux photographes. Le problème réside, selon lui, dans la gestion de l'illustration au sein des rédactions. « Tant que les entreprises de presse ne recrutent pas des directeurs artistiques, la photo reste toujours le maillon faible de la presse. » Pour étayer ses dires, le responsable de New Press a estimé que le rédacteur en chef ne doit plus s'occuper du choix de la photo. « Une telle tâche relève exclusivement du ressort du directeur artistique », a-t-il affirmé. M. Hebbat a soulevé une autre question : l'accès aux sources. « Pourquoi, s'interroge-t-il, quand il s'agit de réunions officielles, les entreprises de presse privées devraient-elles dépendre de l'APS ? » Par ailleurs, notre interlocuteur n'a pas omis de rappeler les efforts consentis par la corporation des photographes pendant les années du terrorisme. « Tout comme les journalistes, les photographes ont fait des pieds et des mains pour démontrer, par les images, le vrai visage de la barbarie intégriste », a-t-il conclu.