Une vingtaine de chauffeurs de taxi ont débrayé hier matin, tirant le frein à main sur le boulevard principal, la route de Biskra, face à l'ancienne caserne de la gendarmerie et à deux pas du siège de la sûreté de wilaya et du cabinet du wali. Motif de la protestation: la flambée des prix des licences qu'ils louent auprès des moudjahiddine et la dépression qui frappe l'activité sur les lignes qu'ils desservent. Dans une requête adressée voici environ deux mois au directeur du transport, ces protestataires mettent en évidence le rapport déséquilibré entre le nombre de taxis agréés, 410, et celui des clandestins, 60 000. La prolifération des clandestins est une preuve, selon eux, de l'importance de la demande en matière de transport urbain, d'où il est plus que nécessaire de délivrer davantage de licences, jusque-là monopolisé par les moudjahiddine. Les protestataires fustigent au passage le business des licences dont le prix a atteint 12 000 DA, selon un gréviste rencontré sur le lieux du sit-in. Les propriétaires des licences exigent en outre des avances de deux à trois années et recourent parfois à la vente concomitante pour «fourguer leurs vieilles carcasses» avec la licence, raconte un deuxième. Des conditions devenues insupportables pour les chauffeurs de taxi. Par ailleurs, certains ont crié leur désapprobation quant à l'entêtement de la direction du transport à refuser l'augmentation des taxis intra- muros, où la population souffre du manque, et leur confinement dans des lignes suburbaines sur lesquelles ils travaillent peu face à la pléthore de minibus. Les signataires de la lettre affirment qu'il existe quelque 1500 jeunes détenteurs du permis de siège et de véhicules équipés en attente d'un geste des pouvoirs publics pour obtenir le sésame et activer dans le transport urbain, sans passer par des licences en deuxième main. Une demande qui ne peut plaire au lobby des moudjahiddine qui risque de perdre une de ses poules aux oeufs d'or. Les grévistes ont fini par lever le camp après de longues et sereines négociations avec des officiers de police. Ceci dit, ils ont adressé un ultimatum aux pouvoirs publics pour leur trouver une solution d'ici dimanche, faute de quoi ils menacent de revenir plus nombreux et bloquer le boulevard principal, la route de Biskra.