Des griffes de luxe ont offert pour l'hiver prochain des collections qui ont porté haut la créativité. Elles ont tourné le dos à l'ostentatoire dans un secteur qui a tiré les leçons de la crise. Alors que les grands noms du luxe ont affiché des taux de croissance record en 2010 et que la progression des ventes devrait retrouver en 2011 des niveaux plus conformes aux moyennes historiques, les créateurs ont misé sur une opulence discrète. «Avec la crise, les marques ont appris à se regarder de plus près, à voir là où elles gagnaient de l'argent (...) pour pouvoir offrir le meilleur de ce qu'elles savent faire, sans transiger sur la création», a commenté Tancrède de Lalun, directeur des marchés homme et femme à Printemps. Il a fait état d'un «très bon démarrage des ventes d'été», et a dit aborder l'année «avec un grand optimisme». L'année 2011 devrait se traduire, selon lui, comme en 2010, par une croissance à deux chiffres pour le grand magasin du boulevard Haussmann qui a opéré un virage radical vers les marques de luxe. Le cachemire, la fourrure mais aussi la recherche de nouvelles matières étaient au rendez-vous des défilés sans bling-bling, à l'image des longs manteaux proposés chez Hermès par son nouveau styliste, Christophe Lemaire, ou chez Céline par Phoebe Philo, qui a donné un nouveau souffle à la marque endormie du groupe LVMH. La recherche était aussi au rendez-vous, comme chez Alexander McQueen (groupe PPR) où Sarah Burton a maintenu l'esprit haute couture de la maison, tout en poussant loin la recherche des effets de matières sur de somptueux modèles. Concurrencées par la montée en puissance des jeunes marques, comme Isabelle Marant, Vanessa Bruno, Rick Owens ou Carven, très créatives et plus accessibles, les grandes maisons revisitent leurs codes stylistes et doivent surprendre. Pour Yves Saint- Laurent, griffe emblématique du chic parisien, Stefano Pilati a magnifié les combinaisons pantalons, tandis que Karl Lagerfeld chez Chanel a revisité la célèbre veste de tweed, mais aussi le sac matelassé et les accessoires qui feront grimper les ventes. Chez Louis Vuitton, fleuron du groupe LVMH et dont la maroquinerie constitue le principal centre de profits, les sacs ont largement tenu la vedette.