Takhmaret, à 100 km à l'extrême ouest du chef-lieu de wilaya de Tiaret, continue décidément de poser problème aux autorités locales et ses populations vivent au rythme des mouvements de protestation. Ainsi et après les péripéties liées aux évènements engendrés par la colère des habitants de Tazeka qui avaient brûlé l'été dernier le siège de l'APC et saccagé quelques édifices publics, hier c'était le tour aux habitants de Bounoual d'emboîter le pas à leurs concitoyens, en bloquant, hier matin, la RN 14 reliant Tiaret à Mascara. Un accès de colère qui intervient cycliquement dans ces contrées longtemps en proie à la marginalisation et à l'absence de perspectives en dépit de beaucoup de moyens injectés par l'Etat pour valoir un développement meilleur. Un mouvement de colère, un de plus qui intervient aussi quelques jours après le limogeage du désormais ex- maire de Takhmaret, d'obédience FLN, pour des affaires scandaleuses de conduite de projets communaux, dont celui lié à l'aménagement du stade communal confié et payé à un ami qui n'avait même pas commencé les travaux. Des affaires du genre, Takhmaret semble en receler à satiété. Les langues commencent à se délier, mais la volonté politique d'aller au fond des choses ne transparaît pas encore malgré la commission d'enquête initiée à ce titre par les pouvoirs publics locaux pour débusquer ce que les autochtones qualifient de « maffia ». Une maffia qui tire ses bénéfices de la rente, des programmes liés au PNDA et à la passation de marchés douteux. Hier, il a fallu l'intervention des brigades antiémeutes de la gendarmerie, car le chef de daïra qui s'était rapproché des protestataires est retourné bredouille. Comme pour les autres sorties, les citoyens de Bounoual réclament une plus grande attention en matière d'AEP, de routes et d'un bien- être qui passe irrémédiablement par une moralisation de la pratique du pouvoir par des opportunistes notoires. Un citoyen de cette même bourgade n'a-t-il pas pris en otage la semaine dernière ses trois enfants qu'il menaçait d'égorger pour une affaire de logement de type rural ?