Le voyage de Jacques Chirac était un pas en avant considérable qui aurait pu être suivi de beaucoup d'initiatives, s'il n'y avait pas eu d'erreurs de part et d'autre comme cet article de loi sur les aspects positifs de la colonisation, qui a gelé complètement l'idée d'un pacte d'amitié qui était engagé», se désole le président du groupe parlementaire d'amitié France- Algérie, Bernard Derozier que nous avons rencontré au lendemain de la révolution tunisienne (courant février). Paris. De notre correspondante A cet égard, une occasion historique a été ratée. Aujourd'hui, le député socialiste Bernard Derozier a «le sentiment que les Français ne prennent pas suffisamment en considération l'intérêt et l'importance des relations entre la France et l'Algérie. J'ai toujours considéré que s'il devait y avoir un développement des relations entre l'Europe et le Maghreb, cela devait passer d'abord par la France et l'Algérie. Pour les responsables français, l'Algérie est un pays parmi d'autres à travers le monde, je déplore qu'il n'y ait pas une volonté politique, et cette volonté, seul l'Exécutif peut l'insuffler». Le député socialiste aurait aussi souhaité que la mission qui a été confiée à M. Raffarin, par le président Sarkozy, aille au-delà du seul volet du partenariat économique. M. Derozier observe aussi que «les Algériens ne sont pas très faciles» et que des efforts sont à fournir de leur part. A titre d'exemple, il nous rappelle qu'il a signé, il y a trois ans, en tant que président du Conseil général du Nord, un protocole de jumelage entre le département du Nord et la wilaya de Relizane, il attend encore l'arrivée des responsables de Relizane qu'il devait recevoir. «Le nouveau wali m'a promis qu'il m'enverrait une proposition de visite ». « C'est lent, très lent. C'est un pays centralisé, je comprends, c'est un pays en devenir démocratique, en devenir institutionnel, mais si je voulais ce jumelage c'était pour apporter une expertise sur des problèmes donnés, recevoir des fonctionnaires algériens qui verraient comment fonctionnent nos collectivités dans un esprit d'échange de pays à pays». Sur la question des visas de court séjour (les Algériens arrivent en tête en termes de refus) «il ne se passe pas une réunion avec des responsables algériens et l'ambassadeur le premier sans que cette question soit évoquée», nous affirme M. Derozier, «ce qui amène certains d'entre nous à demander au gouvernement français de reconsidérer cette position. C'est une des raisons d'une certaine forme de blocage de l'évolution des relations. Je pense qu'il faut lever cette disposition, sans doute, en s'entourant de garanties et en s'assurant que cela ne se transforme pas en séjour définitif». En matière de coopération économique, Bernard Derozier considère que «ce n'est pas normal que la France ne puisse pas être davantage présente dans de grandes infrastructures telles qu'elles sont réalisées». Ce qui pourrait signifier que les entreprises étrangères qui ont obtenu ces contrats auraient, en contrepartie, versé des pots-de-vin. «J'entends dire que les investisseurs français ne sont pas assez offensifs , il y a une telle pesanteur de la bureaucratie algérienne, peut-être a-t-elle évolué, cela fait deux ou trois ans que je n'ai pas eu de contacts ni avec les investisseurs français, ni avec des Algériens sur ce thème-là, mais tout le monde s'accordait à le reconnaître à tel point que j'avais l'ambition avec Belkacem Bélabbès (président du groupe d'amitié Algérie-France) de monter un colloque résultant de la dernière rencontre en France de nos deux groupes d'amitié. Nos collègues algériens étaient très intéressés par un partenariat dans les moyennes et petites entreprises. J'avais informé le ministre Novelli qui n'avait pas souhaité me rencontrer sur ce thème-là. C'est un projet qui aurait pu aider à mettre sur la table toutes les difficultés, s'il y en a, et esquisser des solutions pour que ce type de partenariat puisse se développer»