L'ambassadeur de France à Alger estime qu'il faut dépassionner les débats et travailler ensemble pour construire une mémoire commune. La signature du traité d'amitié entre l'Algérie et la France n'est pas pour demain. La question ne sera pas tranchée avant l'élection du nouveau président de la République française. Souhaité par les présidents Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac et annoncé en mars 2003, lors de la visite du chef de l'Etat français à Alger, le traité de «partenariat d'exception» a été bloqué par la polémique suscitée par la loi française du 23 février 2005, évoquant le «rôle positif» de la colonisation. L'article contesté a été, certes, abrogé mais les négociations restent en panne. Et le traité d'amitié a été, depuis, renvoyé aux calendes grecques. «C'est une question qui sera posée tout de suite au prochain Exécutif. C'est à lui qu'il appartiendra de trancher sur l'idée du traité d'amitié», a souligné l'ambassadeur de France, qui ne désespère pas de voir aboutir ce fameux traité d'amitié. «Il appartiendra aux gouvernements de part et d'autre de décider s'il conviendra de le relancer», souligne Bernard Bajolet. Cependant, pour le représentant diplomatique français à Alger, les relations entre les deux pays ne doivent pas se limiter à la signature du traité d'amitié. «Qu'est-ce que cela va changer? Avons-nous besoin de ce traité pour avancer?», s'est interrogé Bernard Bajolet avant d'ajouter «quelle que soit la réponse apportée à cette question, les relations entre l'Algérie et la France ne peuvent que progresser». C'est un voeu sincère et profond qu'exprime ainsi Bernard Bajolet tout en rappelant que l'Algérie a signé plusieurs traités avec d'autres pays avec lesquels elle entretient des relations amicales sans que cela s'intitule «traité d'amitié», ni ne change beaucoup la réalité de ces relations. Cependant, Bernard Bajolet estime que ce traité d'amitié entre l'Algérie et la France «était un beau projet» qui se justifiait par la «nature particulière de notre histoire commune». Une histoire que «nous devons regarder en face et assumer chacun de son côté». Abordant indirectement le sujet, sensible, de la repentance, Bernard Bajolet, tout en estimant que les deux parties ont chacune une part de responsabilité, reconnaît néanmoins que «la France a beaucoup plus à se faire pardonner», mais récuse la notion de repentance: «Les Français n'étaient pas tous responsables du système colonial dans lequel ils vivaient.» Pour dépassionner les débats, le diplomate français préconise «un coup de bistouri en lieu et place de grandes déclarations» en abordant tous les sujets sensibles, notamment les essais nucléaires, les mines ou les archives pour faire aboutir le projet du traité d'amitié, plaide le diplomate français. Et d'ajouter: «Il existe une sorte de tronc commun pour regarder l'avenir en face afin d'être en paix avec son passé.» Dans ce contexte, Bernard Bajolet révèle: «J'ai proposé une coopération entre le musée des Armées et le musée du Moudjahid.»