Le président du Conseil constitutionnel français, M. Pierre Mazeaud, a affirmé, dimanche à Alger, avoir transmis au président Bouteflika, le "souhait" du président Jacques Chirac de "reprendre" les négociations sur le traité d'amitié entre l'Algérie et la France. "Etant très proche du président de la République française, j'ai rappelé au président Bouteflika combien le président Jacques Chirac souhaite effectivement la reprise du traité d'amitié entre les deux pays" a-t-il déclaré à la presse à l'issue de l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat. M. Mazeaud s'est dit "particulièrement touché" de l'entretien qu'il a eu avec le président de la République et qui a été "très riche" et "très enrichissant pour moi", dans la mesure où "nous avons parlé de la politique française, de la situation en Algérie et des liens entre nos deux pays" dira le président du Conseil constitutionnel français. Il s'agit là d'une énième tentative, il faut le dire, de relancer ce "pathétique" traité d'amitié franco-algérien qui ne cesse , depuis son annonce en 2003 à l'issue de la visite à Alger de Jacques Chirac, de susciter des controverses dans les milieux français et algérien. Selon les diplomaties des deus pays , ce sont plutôt les opinions publiques, aussi bien française qu'algérienne, qui ne seraient pas prêtes pour la refondation des relations franco-algériennes promise par la "Déclaration d'Alger" cosignée le 2 mars 2003 par Chirac et Bouteflika. Résultat : le traité qui devait être finalisé fin 2005 est toujours à la traîne. 2004 a succédé à 2003 sans avancée notable en termes de contenu. Et 2005 a été "une année perdue", en raison de la polémique soulevée, des deux côtés de la Méditerranée, par l'article 4 de la loi française du 23 février 2005 qui entendait, à l'initiative de certains "rapatriés" d'Algérie, glorifier "le rôle positif" de la colonisation. Jacques Chirac a promulgué par la suite un décret d'abrogation de l'article contesté. Il faut dire que la bataille du traité d'amitié se fait à fleurets mouchetés. Certains observateurs estiment, par ailleurs, qu'il y a eu précipitation dans la promulgation de ce traité d'amitié. Cela a été fait dans l'euphorie d'une visite triomphale , première du genre d'un chef d'état français depuis l'indépendance de l'Algérie. Alors qu'il s'agit, dans la réalité, "sans oublier le passé", d'engager les deux Etats et les deux peuples à la fois dans un "partenariat d'exception". Il ne s'agit pas seulement de copier le modèle qui a rapproché la France et l'Allemagne en 1963. Toutefois, il y a eu plusieurs tentatives de part et d'autre de relancer les négociations autour de ce traité. La volonté politique y est mais beaucoup de blocages persistent encore des deux côtés de la Méditerranée. Venu dernièrement à Alger pour "donner un contenu" au "traité d'amitié" en attente, le chef de la diplomatie française n'a pas pu convaincre la partie algérienne. Réputé pour avoir défendu la loi du 23 février, Philippe Douste-Blazy était donc mal placé pour parler du traité d'amitié. Il est reparti les mains vides.