Le dernier produit théâtral du MTK aura révélé tous les talents fous de Youcef Taouint. D'abord la capacité du MTK à faire jouer des rôles par une nouvelle vague de jeunes comédiens inconnus, issus de cette école de théâtre, en l'occurrence le MTK, et ensuite présenter une pièce de théâtre qui relate l'un des faits marquants de la Révolution algérienne. Youcef Taouint a volontairement nuancé les faits et le personnage lors de la représentation de son «dernier-né» samedi dernier, loin des caméras et des protocoles officiels, au niveau de la salle des fêtes de la ville de Koléa, un espace devenu trop inadapté pour abriter les manifestations culturelles. Beaucoup de familles et des jeunes se sont entassés pour assister à la pièce de théâtre intitulée, L'interrogatoire forcé (Istintak mouzayef, en arabe). L'assistance n'était pas dupe. Elle avait su que le personnage principal interprété dans cette pièce n'était autre que le martyr Larbi Ben M'hidi, quand il était prisonnier dans les locaux de ses tortionnaires. Certaines lycéennes, et même des femmes, n'ont pas pu empêcher leurs larmes de couler sur leur visage. L'atmosphère était émouvante. Durant 80 minutes, Youcef Taouint a réussi à plonger son fidèle public dans son passé, son histoire. Des moments instructifs pour les jeunes et moins jeunes qui avaient suivi la chronologie des faits historiques dans un silence religieux, durant les 43 jours de détention, jusqu'à la mort de Larbi Ben M'hidi, après avoir subi les pires tortures perpétrées par les parachutistes français, sans pour autant le faire parler. «Il faut lui faire cracher le morceau», ordonne le général français à son capitaine tortionnaire. L'effet youcef taouint «L'Algérie est un très beau pays pour ses enfants, crie le héros Ben M'hidi, vous ne faites pas de différence entre la torture et le suicide, ajoute-t-il, en dépit de vos répressions, enchaîne-t-il, la liberté dans notre pays s'arrachera un jour après moult sacrifices de son peuple», lancera Larbi Ben M'hidi aux parachutistes, lors de son interrogatoire. Les parachutistes étaient restés médusés par les propos, le sang-froid, l'intelligence et la clairvoyance de leur prisonnier. Les jeunes filles et les garçons parmi l'assistance avaient retenu les noms des autres martyrs cités dans cette pièce, en l'occurrence Zabana, Maurice Audin,Boumendjel, Malika et bien d'autres. Ce fût un cours d'histoire magistralement interprété par Slimani Abdelkader (prisonnier), Boutiba Adlène (général), Kobbi Oussama (capitaine), Chaâbi Brahim (parachutiste), Balaouane Amine (aveugle et indicateur algérien des parachutistes), Kohli Lamia (femme). C'est dans une ambiance conviviale et familiale que s'est déroulée la pièce de théâtre. A la suite d'un briefing avec le maître Youcef Taouint, les comédiens et les élèves du MTK se sont mis au travail, après la représentation afin de préparer la salle des fêtes pour le lendemain, car cette pièce de théâtre devait avoir lieu à titre officiel devant les autorités et les moudjahidine, à l'occasion de la célébration du 55e anniversaire de la mort de l'autre martyr, Souidani Boudjemaâ. Néanmoins, il y a lieu de rappeler la satisfaction de Youcef Taouint à l'égard de sa nouvelle vague de comédiens inexpérimentés, car ses anciens élèves sont partis en tournage ailleurs, tandis que le dernier point essentiel qui handicape cette association culturelle, c'est l'absence de moyens dont souffre le MTK, malgré le fait qu'elle se défonce dans l'éducation théâtrale et la sensibilisation des citoyens de Koléa sur les méfaits des maux sociaux dans leur quotidien.