Les vendeurs à la sauvette squattent les trottoirs et les places publiques . Depuis les émeutes de janvier dernier ayant secoué de nombreuses villes du pays, à Bouira, le retour au calme s'est vu accompagné d'une profusion d'étalages commerciaux de toutes sortes, plantés sur les artères et places publiques, à l'instar, certainement, d'autres régions d'Algérie. L'activité informelle semble être l'unique créneau accessible aux chômeurs. Il suffit de parcourir les ruelles du chef-lieu de la wilaya pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène. Des jeunes et moins jeunes squattent les trottoirs et les principales esplanades où ils installent leurs étals sans être inquiétés le moins du monde. Des marchandises en divers genres sont exposées au public. C'est le nouveau décor de la ville où on trouve de tout ; des produits cosmétiques, ménagers, vêtements, CD informatiques, etc. Dès les premières heures de la matinée, des vendeurs s'installent, et ce, jusqu'à une heure tardive du soir. Cependant, contrairement aux précédentes méthodes des vendeurs à la sauvette qui exposent leurs marchandises à terre, aujourd'hui ils le font sous des tentes de couleur unie, bleu. Néanmoins, l'essor de ce commerce informel provoque non seulement la colère, mais surtout l'inquiétude des commerçants réguliers, soumis, eux, à l'impôt. Aussi, ces derniers ne cessent de dénoncer cette situation qui les pénalise sérieusement. «Nous avons maintes fois sollicité l'intervention des pouvoirs publics pour imposer à tous la pratique commerciale légale, en vain. Cette situation, je pense, est tolérée, voire voulue par l'Etat, qui n'ose pas agir, de peur de susciter l'émeute», dira Arezki, propriétaire d'un magasin de ventes de vêtements à la cité Gouizi. Devant l'incapacité des pouvoirs publics à remédier, c'est l'anarchie qui supplante à l'activité légale et loyale. A Bouira, et en l'espace de quelques semaines, la quasi-totalité des ruelles ont été envahies et occupées par des jeunes sans emploi. Après avoir accaparé des espaces du quartier Ecotec, c'est au tour de la place publique du square qui fera l'objet d'un véritable squat, comme c'est le cas aussi de l'espace vert, sis à proximité de l'ex siège de l'APC et de la daïra, envahi par des dizaines de vendeurs, dits «à la sauvette», mais qui se sédentarisent sans inquiétude. «Je suis chômeur, sans diplôme ; qu'on nous laisse gagner notre pain quotidien…», dira Hamid, hors de lui, enchaînant : «Eux, (ceux qui nous gouvernent, ndlr), ont accaparé de vastes espaces, des puits de pétrole, alors que moi, je n'ai que cet espace pour commercer en vue de nourrir ma famille.» Notre interlocuteur, avouant avoir pris part aux dernières émeutes de janvier dernier, affirme, résolu, qu'il ne quittera pas cette place. Dans la ville de Bouira, les étals poussent comme des champignons, de par l'impunité et aussi des convoitises grandissantes. Pourchassés par les services de sécurité à un moment donné, ces commerçants en tout genre, prennent aujourd'hui leur «revanche». Ils viennent pour la plupart de quartiers défavorisés pour écouler leurs diverses marchandises dans les centres urbains, particulièrement au chef-lieu de wilaya.