Quelques jours après le départ du rapporteur des Nation unies d'Algérie, où il a dressé un tableau accablant quant aux libertés publiques et d'opinion, les autorités algériennes viennent, une fois encore, confirmer la répression dont fait l'objet la population. Les victimes d'hier ne sont autres que les familles des disparus venues des quatre coins du pays. 10h30 : une cinquantaine d'hommes et de femmes, en particulier des personnes âgées, ont bravé l'interdit en arpentant la Grande Poste, au centre d'Alger, pour se diriger vers l'Assemblée populaire nationale (APN). Les proches des victimes des disparitions forcées des années 1990, dont la plupart est âgée de plus de 60 ans, ont été accueillis, en face du parc Sofia, par un dispositif sécuritaire impressionnant, les empêchant de continuer leur marche pacifique. Les forces de l'ordre ont encerclé les manifestants et les ont maintenus en dépit des supplications de quelques vieilles dames de dégager la voie. « Soudjoune serriya fi biled el hourya» (prisons secrètes au pays de la liberté) ou «Ya raïs Bouteflika, alach khayef mel hakika ?» (Bouteflika, pourquoi as-tu peur de la vérité ?) : des slogans qui ont été criés par les mères, les pères et enfants des disparus. Nasséra Dutour, porte-parole du Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA), ainsi que d'autres membres du collectif n'ont pas été épargnés par la violence des policiers qui ont, «par galanterie», confié la mission de bousculer les vieilles femmes à des policières. Des échauffourées ont éclaté entre les éléments de la police et toute personne tentant de franchir le cordon policier. «Même si nous ne sommes pas arrivés jusqu'à l'APN, je suis satisfaite de cette marche tenue par des familles qui ne sont pas prêtes à abandonner leur combat pour la vérité et la justice», se félicite Nasséra Dutour. D'autres organisations se sont jointes à la marche à l'instar du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) et la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). A 12h30, quelques protestataires commencent à quitter les lieux, d'autres convergent vers la placette de la Grande poste, en promettant de revenir à la charge dans les jours à venir.