Le rapporteur spécial de l'ONU pour la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, poursuit ses contacts avec les représentants de la société civile en Algérie. Après des rencontres avec des officiels et des représentants des médias, il a assisté, hier, au rassemblement hebdomadaire des familles de disparus à Alger. En effet, M. La Rue et sa délégation ont fait le déplacement jusqu'à la place Addis-Abeba, à Alger, pour écouter les représentants de ces victimes de la tragédie nationale qui continuent de réclamer la vérité sur le sort de leurs enfants et parents, enlevés selon eux par les services de sécurité. L'événement est important pour les protestataires. C'est la première fois depuis le début de leur mouvement de contestation que les familles de disparus reçoivent une telle visite. Et c'était l'occasion pour eux de lui exposer leur épineux problème et de dénoncer la répression policière dont ils sont victimes. «Nous l'avons invité à constater de ses propres yeux ce que nous subissons. Nous voulons lui montrer la réalité des familles de disparus», affirme Hassan Ferhati, représentant du collectif SOS Disparus. «Regardez, monsieur ! Ils (les policiers) viennent de nous malmener», lancent les protestataires à l'adresse du rapporteur de l'ONU et des membres de sa délégation, arrivés sur les lieux vers 12h30. «Ils nous tabassent à chaque fois. Pourtant, nous demandons seulement notre droit à la vérité et la justice», déclarent les protestataires en brandissant les portraits de leurs proches disparus. Et la délégation onusienne d'écouter. Frank La Rue s'est entretenu longuement avec Nassira Dutour, porte-parole de SOS Disparus. «Je suis en train d'écouter tout le monde. Je dois rendre public mon rapport à la fin de ma mission et j'animerai une conférence de presse le 17 avril», déclare-t-il. En arrivant à Alger, dimanche dernier, le rapporteur de l'ONU avait précisé que cette visite lui permettrait d'avoir une idée précise de la situation des libertés dans le pays : «Cette mission sera l'occasion pour moi de me forger une opinion éclairée sur la liberté d'opinion et d'expression en Algérie, en me permettant de recueillir des informations de première main auprès des personnes concernées.» Il est à signaler que les représentants des familles de disparus ont entamé leur rassemblement à 11h, devant la Caisse de retraite dont le siège est situé à quelques mètres de la place Addis-Abeba. Vers 11h30, ils ont tenté de se rapprocher davantage du siège de la commission Ksentini, avant d'en être empêchés par la police.