Le professeur Ahmed Kerroumi a été inhumé, hier à 17h, au cimetière de Aïn El Baïda, où une foule nombreuse est venue lui rendre un dernier hommage. Sous une pluie battante, parents, amis, collègues et anciens étudiants avaient ainsi grossi le cortège funéraire accompagnant le «camarade de lutte» à sa dernière demeure. L'émotion était à son comble. «C'était un homme d'une grande sagesse. Il allait directement au concret. Avec lui, on n'avait pas le sentiment de perdre notre temps. Sa disparition est une grande perte pour Oran. S'il pleut aujourd'hui, ce n'est pas pour rien», nous confie Fayçal, un de ses anciens étudiants devenu par la suite enseignant à l'université. Le professeur Sadek, collègue et ami de longue date, a salué la fidélité dans les engagements politiques du défunt : «Il n'a jamais trahi ses principes. Il a tout le temps été fidèle à lui-même et pour cela, je tiens à lui rendre hommage aujourd'hui.» La foule nombreuse venue lui rendre un dernier hommage comportait également une rangée de femmes, amies et collègues du défunt, qui tenaient à être présentes en ce jour douloureux. Si l'émotion était palpable, les yeux étaient secs. Tout le monde en avait gros sur le cœur tant l'épreuve était insoutenable ; les gens souffraient en silence, dans la dignité. Les services de médecine légale ont délivré, en début d'après-midi, le permis d'inhumer à la famille du défunt, juste après l'autopsie. Cependant, le rapport d'autopsie est, pour l'heure, entre les mains du juge d'instruction chargé de cette affaire. Aucune information n'a filtré sur les causes de la mort. Le corps du professeur Ahmed Kerroumi a été découvert inerte, samedi 23 avril vers midi trente. Aux dires de sources dignes de foi, la femme du professeur Kerroumi, au moment où elle a procédé à la reconnaissance du corps à la morgue, a constaté «un défoncement crânien». Ce qui laisserait entendre que la mort n'était pas naturelle. Le défunt avait disparu mardi, soit cinq jours plus tôt, et a été retrouvé samedi dans le bureau du MDS, au Plateau. On affirme que le militant qui a découvert le corps n'a pas senti d'odeur cadavérique. «Toutefois, nous a-t-on expliqué, il est fort possible que cet homme, sous le coup de l'émotion, n'a pas eu souvenance de cette odeur.» Le flou reste entier et ouvre la voie à toutes les spéculations. S'agit-il d'un meurtre ? Certains vont même jusqu'à établir l'hypothèse d'un meurtre politique ; mais beaucoup restent prudents. Tout le monde, à Oran, est accablé par cette histoire tragique et indigné par le manque de communication, qu'il s'agisse des services de la police ou de la justice.