La répression sanglante par l'armée du soulèvement des Frères musulmans syriens en février 1982 à Hama, que l'on évoque actuellement en raison de la répression de la contestation en Syrie, constitue l'une des pages les plus noires du régime syrien. Selon les diverses sources, les émeutes et les opérations militaires menées pendant environ un mois par les Brigades de défense, un corps d'élite dirigé par Rifaat al Assad, le frère du président Al Assad, avaient fait quelque 20 000 morts. Tout a commencé le 2 février (le 3 selon les autorités syriennes) par le massacre d'une vingtaine de notables membres du parti Baas (au pouvoir) par des Frères musulmans, un mouvement sunnite islamiste. Ceux-ci se seraient ensuite retranchés dans les mosquées d'où ils auraient lancé des appels à l'insurrection. Il a fallu plus de trois semaines aux forces syriennes, qui eurent recours à l'artillerie et aux blindés, pour venir à bout de ce soulèvement au prix de destructions et de pertes humaines considérables. Selon des témoignages, plus de 10 000 soldats furent mobilisés. Ces événements marquèrent le point culminant des affrontements entre le régime syrien et les Frères musulmans, qui ont commencé en mars 1979 avec un attentat perpétré contre l'Académie militaire d'Alep (nord), provoquant la mort de 80 cadets, tous alaouites (communauté minoritaire en Syrie à laquelle appartenait le président Al Assad, au pouvoir de 1970 à 2000. L'organisateur de cet attentat, un officier instructeur sunnite, Ibrahim Youssef, avait déclaré qu'il s'agissait d'un acte de protestation contre la politique sectaire du régime qui favorisait outrageusement, à ses yeux, les alaouites. La réaction violente du régime contre les Frères musulmans, menée par les Brigades de défense et d'autres groupes paramilitaires, s'était alors traduite par des centaines d'exécutions et des milliers d'arrestations, notamment à Alep, Palmyre (centre) et déjà à Hama, située à 200 km au nord de Damas.