Au centre du scandale Sonatrach, les cinq contrats de gré à gré accordés au groupe allemand Contel Algeria/Funkwerk Plettac entre 2006 et 2008, pour équiper les bases de la compagnie de systèmes de télésurveillance et de protection électronique pour un montant de 11 milliards de dinars (1100 milliards de centimes). Tout a commencé en 2004, autour du personnage Al Smaïl Mohamed Reda Djaâfar (né en 1975), camarade de lycée de Réda Meziane, fils du PDG de Sonatrach. A peine installé à son poste, vers la fin 2004, le PDG est sollicité par son fils pour recevoir Al Smaïl, qui dirige une société privée, Contel Algérie (dont il est le président du conseil d'administration). Celle-ci représente des firmes allemandes avant d'être la représentante de Funkwerk (allemande). Al Smaïl est reçu au bureau du PDG et en présence de plusieurs cadres de l'exécutif ainsi que des responsables des principaux départements pour leur faire une présentation des produits qu'il vend. Au mois de février 2005, il refait la même présentation en présence des cadres de Sonatrach à Hassi Messaoud. Le PDG saisit le ministre sur la nécessité de lancer le projet d'équipement des installations du groupe en matériel de télésurveillance et de protection électronique, en citant le projet type proposé par la société Contel. Durant cette période, Al Smaïl procède au changement du statut de Contel Algérie dont il est le principal actionnaire et introduit dans le capital Réda Meziane, avec 280 parts, et Meziane Fawzi, 200 parts, sans que ce dernier dépose de fonds, qui, selon lui, étaient censés provenir des gains générés par les activités de l'entreprise en Algérie. Fawzi espérait, en fait, exercer au sein d'une future filiale de transport de carburant, qu'il finira par créer avec les membres de sa famille plus tard. Mais jusqu'à 2007, il exerçait en tant que cadre de Sonatrach, mission dont il se libère en 2007, à la suite d'une mise en disponibilité d'une année renouvelable avant qu'il ne soit mis fin à sa relation de travail, juste après le scandale. Entre-temps, Al Smaïl signe des contrats de représentation avec Funkwerk en 2006 lors d'une visite en Allemagne, durant laquelle les Allemands lui promettent une commission de 1,1 million d'euros au cas où il décroche le premier marché d'un montant de 197 milliards. En juin 2006, il arrache le contrat de gré à gré puis retourne en Allemagne au mois de novembre de la même année, pour réclamer ses commissions. Des salaires de 8 000 et 10 000 euros Pour maquiller celle-ci, un prêt de 650 000 euros lui a été accordé dans un premier temps, et transféré sur son compte à Paris. Trois autres marchés lui sont par la suite accordés en mars 2007, dans le cadre de la procédure du gré à gré, dont deux d'un montant de 554 milliards de centimes et 41 milliards de centimes. Pour ces derniers, il s'est déplacé à Nuremberg, en compagnie de deux autres actionnaires du holding Contel, Meghaoui Hachemi (directeur général du holding) et son fils Yazid, pour demander aux dirigeants allemands de leur accorder un contrat de consulting avec la société mère. Une demande acceptée et le contrat porte sur un salaire mensuel de 10 000 euros pour Hachemi et un autre de 8000 euros pour son fils, pour une période de deux ans. Al Smaïl aussi est recruté en tant que conseiller pour une période de deux ans, avec une rémunération mensuelle de 30 000 euros, et un versement d'une somme de 600 000 euros à son compte à Paris. Maghaoui, faut-il préciser, était actionnaire et conseiller financier d'Al Smaïl, alors patron de Contel, et ce, de 2007 à 2008, année où il est entré dans son capital avec 12% des parts et son fils aussi avec 10%. Ces fonds lui ont été accordés en tant que crédits par Al Smaïl. Il repart à Nuremberg, cette fois-ci accompagné de Yazid Meghaoui et de Réda Meziane. Il demande aux dirigeants de signer à Meziane un contrat de consulting, pour une rémunération mensuelle de 10 000 euros, mais ils refusent arguant du fait qu'il est le fils du PDG de Sonatrach et que cela pourrait être mal interprété. Ils évoquent les mêmes motifs pour rejeter un autre contrat de consulting présenté, toujours par Al Smaïl, au nom de l'épouse du PDG, pour un salaire de 5000 euros. Durant l'enquête, Al Smaïl déclare s'être déplacé en Allemagne trois fois, afin de percevoir des commissions de 4,5 millions d'euros, relatives aux cinq marchés obtenus auprès de Sonatrach. Les deux autres conseillers de Funkwerk, à savoir Meghaoui Hachemi et son fils Yazid, ont perçu la somme de 600 000 euros. Pour ce qui est de la somme de 65 000 euros versée à Réda Meziane, pour l'achat d'un appartement à Paris au nom de Mme Meziane, Al Smaïl déclare qu'il s'agit d'un prêt qu'il lui aurait accordé en échange d'une reconnaissance de dette. Les Allemands, quant à eux, ont confirmé le recrutement de Meghaoui en tant que conseiller financier, chargé du transfert des fonds générés par les contrats obtenus par Contel au profit de Funkwerk. Au nombre de cinq, ces marchés vont faire beaucoup parler au sein du groupe Sonatrach, à Alger notamment, depuis qu'Al Smaïl s'affiche publiquement et régulièrement avec le fils du PDG, Réda Meziane. Les prix pratiqués par Al Smaïl sont jugés trop excessifs comparativement à ceux des sociétés spécialisées dans le domaine et qui sont connues sur le marché.