Les principaux protagonistes participant à la conférence ministérielle de l'OMC à Hong Kong ont entamé, hier soir, une longue nuit de marchandages pour éviter un échec pressenti déjà depuis quelques jours. Ils devront rendre public, aujourd'hui, un accord global en vue de faire progresser le « cycle » de négociations lancées à Doha (Qatar) en 2001 sur la réduction des obstacles aux échanges. Avant cela, les 149 pays membres de l'OMC doivent trouver un consensus sur les plus importants points de discorde, à savoir les subventions des pays riches à leur agriculteur et l'ouverture des marchés des pays en développement. Hier, un texte de compromis d'accord a été remis par le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, aux Etats membres. L'accord en question, qualifié par les observateurs d'accord « minimal », porte sur une baisse des subventions agricoles dans le monde et sur un plan d'aide aux pays très pauvres, afin de sauver d'un échec leur réunion sur un commerce mondial plus équitable, soulignent les observateurs. Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a déclaré hier qu'il s'attendait à « être mis sous pression » pour que l'UE accepte à l'OMC de fixer une date à l'élimination de ses subventions à l'exportation de produits agricoles. Tout en affirmant que cette élimination « était une ligne rouge pour l'UE », le même responsable a laissé entendre que la date de 2013 était négociable, dans un accord équilibré. Le principe de la suppression des subventions est acquis depuis juillet 2004, mais la question de la date est devenue le point de fixation dans la négociation agricole à Hong Kong, l'Union européenne étant presque totalement isolée dans son refus. Le texte de compromis proposé par le directeur général de l'OMC offre deux possibilités pour fixer cette date, soit 2010, soit cinq ans à compter du début de la mise en œuvre, ce qui pourrait signifier 2013. Si le conseil des ministres européens n'a jusqu'à présent exprimé aucun avis, la délégation allemande a cependant laissé entendre qu'elle « pourrait parfaitement vivre avec la seconde formule, qui garantit que l'actuelle Politique agricole commune (PAC), sanctuarisée jusqu'en 2013, ne sera pas affectée ». Dans un passé récent, le Royaume-Uni s'est prononcé officiellement pour la date de 2010. « Jusqu'à hier dans la nuit, l'Union européenne ne pouvait pas faire autrement que de résister, pour ne pas polluer le débat sur le budget européen » en cours à Bruxelles, a estimé une source proche de l'OMC, rapportée par des agences de presse. Après l'accord intervenu dans la nuit de vendredi à hier entre les 25 sur les perspectives financières 2007-2013 de l'UE, « c'est fini et l'UE a une chance de faire avancer la négociation », a ajouté cette source.