Le Front des forces socialistes (FFS) ne prendra pas part aux consultations politiques en vue «de la révision de la Constitution» annoncées par le chef de l'Etat. «Le FFS refuse de prendre part au cirque politique», a affirmé le premier secrétaire national du parti, Karim Tabbou, lors d'un meeting animé hier à El Harrach (Alger). Le FFS a jugé que le pouvoir «n'a montré aucune volonté d'aller vers le changement». La preuve, selon le premier responsable du parti, est qu'«il n'y a eu aucun acte, aucune mesure concrète n'a été prise pour redonner confiance aux Algériens. Au moment où le pouvoir parle d'ouverture, il ferme davantage», soutenant que le problème du pays ne réside pas dans sa Constitution. Mélangeant rigueur et humour dans son intervention, Karim Tabbou a déclaré que «le seul clandestin dans ce pays, c'est le pouvoir, car il agit en dehors de la Constitution», non sans rappeler les multiples révisions constitutionnelles depuis 1963. La nomination du président de la Chambre haute du Parlement, Abdelkader Bensalah, pour piloter les consultations avec les partis politiques «est un autre signe de manque de volonté». Karim Tabbou a estimé que désigner le président du Sénat à la tête de la commission en charge des consultations avec les partis politiques «n'est pas sérieux». «Ces gens sont venus dans le cadre de l'état d'urgence et de violence, d'où la nécessité de nettoyer le paysage politique.» Pour le plus vieux parti de l'opposition, «le maquillage politique est terminé, on ne peut plus maquiller un cadavre (le régime, ndlr), le changement est une nécessité historique». Du haut de la tribune, il s'est adressé directement aux décideurs : «Je veux m'adresser au général Toufik, patron des moukhabarate, et au président Bouteflika : il y a des hommes et des femmes, dans ce pays, qui veulent le changement.» Et d'insister que le régime «doit écouter sérieusement le cri de la société». Mais selon K. Tabbou, le régime, au lieu d'accepter le changement, «ruse avec l'histoire». Si la formation de Hocine Aït Ahmed milite pour un changement radical du régime politique, sur le plan de la méthode, elle fait le choix du contact direct avec les citoyens. «Nous voulons montrer qu'il est possible de changer sans verser une goutte de sang. Nous ne voulons plus de confrontation physique. Le pouvoir veut nous ramener sur le terrain de la violence, car il a peur que s'installe une culture du dialogue au sein de la société», a souligné M. Tabbou, en dénonçant fermement «des frontières que le pouvoir tente d'ériger entre les Algériens et la stigmatisation du FFS en le montrant comme un parti kabyle. C'est une propagande bien orchestrée. Pourquoi ne dit-on pas la même chose d'un autre parti (allusion au RND, ndlr) ? Parce que le régime cherche, à travers cette propagande, à circonscrire les idées de l'opposition seulement à une région». Le premier secrétaire national du FFS a affirmé que son parti «est le digne héritier du Front de libération nationale historique auquel nous sommes fidèles». Par ailleurs, M. Tabbou a saisi cette occasion pour fustiger les partis politiques siégeant au Parlement, les qualifiants de «dérivés du pouvoir». «Il y a des gauches de cœur, mais la poche à droite. Un Parlement où siègent de faux trotskistes, de faux démocrates et de faux nationalistes», a-t-il critiqué.