Jean-Christophe Victor et Virginie Raisson présentent la très suivie émission Dessous de cartes sur ARTE. Géopolitiquement parlant ! Vote émission Dessous de cartes est très prisée et suivie en Algérie. Comment expliquez-vous son succès grandissant ? Jean-Christophe Victor : C'est toujours difficile de répondre à cela. Je pense que l'idée de l'émission n'est pas de faire savoir mais de faire comprendre. On sait beaucoup de choses avec cette société ouverte avec les médias, les télévisions...Je crois que cela aide les gens à ranger le savoir, à expliquer une crise aussi importante que l'Irak, que le combat des Palestiniens contre Israel n'est pas religieux, il est territorial...Donc, je pense que les gens ont besoin de comprendre. Et puis, c'est passionnant à écrire. Nous sommes des chercheurs mais pas des journalistes. Nous avons un certain nombre d'outils à notre disposition : Des Atlas, des livres, des entretiens, des voyages, une expérience à l'étranger... Tout ceci nous aide à écrire des textes et à les restituer pour donner des explications aux gens. Cela répond à une inquiétude, en fait, tout simplement. Le monde nous pose des questions et nous, nous essayons d'y répondre. Et ARTE est une chaîne politique, européenne, franco-allemande, de réconciliation et un service public. Nous pensons que c'est un argent public bien utilisé. L'approche de Dessous de cartes est pédagogique et didactique... Jean-Christophe Victor : Vous savez, les gens sont intelligents. Qu'ils soient en Algérie ou en Israel, au Maroc ou en France. Quand on s'adresse à eux avec respect, ils reçoivent ces explications à la hauteur intellectuelle, là où ils se trouvent. Ce n'est pas un problème d'éducation, de connaissances... C'est comment s'adresser aux gens ? Le thème récurrent est la géopolitique... Jean-Christophe Victor : Vous savez, la géopolitique, c'est quoi ? C'est le poids de la géographie, la dimension historique, l'intérêt dans la durée. On s'intéresse à ce qui est contemporain. Par exemple, quand on veut faire un Dessous de cartes sur l'Algérie, on ne peut pas faire abstraction de cette dimension historique et géographique. Et puis, il y a ces tendances longues qui font qu'un pays, un Etat, un peuple s'orientent ainsi ou là. Cela constitue le fondement de la géographie politique. C'est un travail élaboré d'équipe.. Virginie Raisson : Déjà, les trois personnes qui préparent et rédigent cette émission sont universitaires mais pas journalistes. On a une formation en ethnologie, histoire, géographie, géopolitique et relations internationales. des méthodes de sciences humaines pour analyser les problèmes. Donc, beaucoup de lectures, des entretiens, des rencontres avec des chercheurs, des acteurs et décideurs. Et puis, il y a le volet enrichissant notre démarche, c'est les déplacements sur le terrain. On se rend dans les pays dont on parle dans le cadre de mission professionnelle. On essaie de comprendre les moteurs de l'action mais pas seulement en tant qu'observateur. C'est un peu théorique. C'est un peu la limite d'un chercheur ou d'un universitaire. C'est qu'on est toujours distant par rapport à l'action. Il y a ses enjeux et la responsabilité qu'elle entraîne. C'est aussi un condensé d'analyse géopolitique...10 minutes pour convaincre... Virginie Raisson : Souvent, on nous dit : C'est incroyable ce qu'on peut dire en dix minutes. En fait, ce sont des jours et des jours de travail. Il faut s'immerger complètement dans le sujet et dans la problématique. Une fois qu'on arrive à comprendre les enjeux. On arrive à les trier, les ranger, et les classer par ordre d'importance, de hiérarchie, géographique, chronologique. Et seulement, à partir de cela, que l'on peut synthétiser. Comment s'effectue le travail d'écriture... Jean-Christophe Victor : Ce que je vous compléter, c'est qu'on travaille beaucoup sur les idées mais aussi celles fausses. Cette émission est une façon de restaurer la complexité du monde. Les gens, peuples sont complexes et les régimes politiques sont parfois simplificateurs. C'est ça qu'on essaie d'expliquer. Eviter les fausses représentations. Quel est l'enjeu géopolitique actuel ? Jean-Christophe Victor : L'enjeu est très simple. C'est de ne pas se faire la guerre. Et pour cela, il faut éduquer. On nous a dit qu'il y avait une guerre civile dans les Balkans. Ce n'est pas une guerre civile. Ce sont des nationalistes qui ont voulu prendre le pouvoir et le territoire. Il y a eu des Dessous de cartes sur l'Algérie... Il y en a eu deux ou trois. Si je me souviens bien, c'était lors de la décennie sanglante où on avait des cartes des attentats du GIA et celle de la zone de production pétrolière. Et quand on superposait les deux cartes, on s'aperçoit que les attentats n'étaient jamais perpétrés dans les zones de productions pétrolières. Virginie Raisson : On a l'intention de revenir pour un Dessous de cartes.