La population refuse de subir la pollution de la fameuse décharge de Asserdoune. De leur côté, les autorités veulent gagner du temps dans l'attente de réaliser un centre d'enfouissement technique. Vaste région montagneuse à relief souvent difficile et accidenté, Mechat est une bourgade d'une nature forestière luxuriante. Sa principale richesse, le chêne-liége, demeure mal exploitée. Son eau de source, très appréciée dans toute la région, fait le bonheur des visiteurs qui viennent humer l'air pur de son paysage forestier paradisiaque alors que ses habitants peinent à s'alimenter en eau potable. Au centre d'une polémique, depuis quelques temps, à la faveur de l'éclatement de la crise de la poubelle dans la ville d'El Milia, Mechat aspire pourtant à profiter de la quiétude qu'elle a retrouvée, après les années de terrorisme. Ses habitants, par la voie de leurs représentants regroupés en association, clament à qui veut les entendre qu'ils veulent vivre en paix, loin des effets polluants de la fameuse décharge de Asserdoune. Ils revendiquent la prise en charge de leurs problèmes, connus, assure-t-on, des responsables locaux. Il y a quelques jours, une délégation composée du chef de daïra, du P/APC et du directeur de l'environnement, ainsi que des responsables du parc communal, s'est déplacée sur les lieux pour prendre langue avec les habitants «frondeurs» qui ne veulent pas de cette décharge. L'objet de la rencontre était de «négocier» l'utilisation momentanée de ce dépotoir en attendant l'achèvement du centre d'enfouissent technique en cours de réalisation. Très vite le différend qui oppose les deux parties a bloqué toute discussion, et la rencontre s'est soldée par un échec. Si nos tentatives de joindre un membre de cette délégation sont restées vaines, un représentant des habitants a indiqué que le point d'achoppement, sur lequel ont buté les discussions, porte sur l'engagement par écrit exigé pour le recours à la décharge d'Asserdoune durant une période déterminée. Plutôt préoccupés par le développement de cette localité pour panser les blessures du passé et faciliter le retour de la population après son exode massive durant l'épisode terroriste, les concernés se disent disposés à ouvrir un dialogue avec les responsables locaux. Ils déplorent, cependant, que ces derniers semblent s'intéresser plus à la décharge qu'aux autres problèmes. Enumérant les préoccupations de la population, un représentant des habitants déclare ceci: « Depuis l'Indépendance, Mechat n'a bénéficié que du goudronnage de la route et d'une école primaire en préfabriqué, dont l'amiante empoisonne, à ce jour, nos enfants. » Des foyers, au nombre de 25, assure notre interlocuteur, demeurent, à ce jour, non électrifiés, en dépit de l'arrivée de l'électricité dans cette région en 1983. Le projet du lotissement de Asserdoune, où 172 parcelles de terrain ont été attribuées à des résidents de la localité, attend depuis 1991, soutient le même interlocuteur. Les principales revendications des habitants portent sur l'AEP, la réalisation d'une école primaire et le lancement d'un programme de construction rurale. Il y a lieu de souligner que dans le sillage du conflit de la poubelle, un responsable local a assuré qu'un projet de réhabilitation du site de Asserdoune est à l'étude.