En attendant la réception des infrastructures de loisirs, les jeunes «tuent» le temps comme ils peuvent. Ennui, routine et dégoût». Le quotidien des jeunes habitants de la localité de Dekakna, dans la commune de Douera, se résume à ces trois termes. Localité éloignée et méconnue par une bonne partie des Algérois, Dekakna tend à devenir un énorme chantier, et ce, compte tenu du nombre important de nouvelles constructions privées en cours de réalisation. Une annexe communale et un bureau de poste y ont été implantés, mais les grands oubliés sont notamment les jeunes. Coincés dans cette agglomération «perdue», les jeunes habitants «peinent à tuer le temps». Certains passent leur journée dans les cafés, alors que d'autres préfèrent fuir vers les communes de Tessala El Merdja et Douéra. «Il n'y a rien à faire, ici, c'est le terminus de la vie moderne…», ironise un adolescent. Derrière le comptoir de sa petite boutique où il se morfondait, notre interlocuteur ajoutera que tout manque, «si ce n'était pas la parabole et le portable, on serait sérieusement déconnectés du monde». Un autre jeune résidant indiquera que le seul lieu de loisirs existant est le stade de football dépourvu de toutes commodités. Au niveau de cette infrastructure, un père de famille nous dira que ce stade est plutôt «impraticable». Le terrain, selon lui, «est dangereux, et toute chute, risque d'être fatale, les vestiaires, les gradins et les travaux d'entretien y font grandement défaut». L'orateur a aussi déploré l'absence de lieux de loisirs et de culture pour enfants. L'unique maison de jeunes existante a fermé ses portes depuis des mois pour travaux, alors que le rêve de doter cette localité d'un centre culturel s'est avéré lointain. En conséquence, cette localité se trouve dépourvue de toutes activités culturelles et scientifiques. «A la sortie de l'école, il n'y pas où aller. Nous sommes obligés de nous confiner à la maison. En période de vacances, cette localité devient une prison à ciel ouvert», se plaint un lycéen. Hormis la morosité chronique due à l'absence d'espaces pour jeunes, de lieux de loisirs et de détente, les habitants sont confrontés quotidiennement à bien d'autres problèmes, à commencer par les coupures récurrentes de l'électricité, notamment en hiver. Un problème qui ne cesse de mettre les résidants dans tous leurs états, en l'absence de solutions à cette faille qui perdure depuis des années. Aussi, des citoyens ont insisté sur la généralisation du raccordement au réseau d'assainissement. «Des travaux sont en cours depuis plusieurs semaines, mais nous craignons que seule une partie des habitations soit touchée», indique un père de famille, ajoutant que l'absence de réseau d'assainissement et d'évacuation des eaux pluviales a causé la dégradation de certaines parties de la chaussée. Les habitants demandent également la dotation de leur localité d'une polyclinique en mesure de dispenser des soins 24/24 heures. «La nuit, les malades sont obligés de se déplacer jusqu'à l'hôpital de Douéra». En l'absence d'une ambulance, des patients «sont résignés à patienter jusqu'au matin ou mourir en silence», se désole un habitant.