Le marché algérien, depuis la libération du commerce extérieur, est devenu un réceptacle de toutes sortes de produits contrefaits. Le secteur de la cosmétique demeure fortement touché par la contrefaçon. Toutefois, des fabricants locaux, investissant dans la cosmétique, ont pu résister à ce phénomène, à l'exemple de Venus Sapeco qui demeure leader dans ce créneau en Algérie. Le DG de cette entreprise, Moula Kamel, parlera dans cet entretien des secrets de sa réussite dans un secteur de plus en plus complexe. - Tout d'abord, un bref aperçu des laboratoires Venus… Notre entreprise, implantée dans la zone industrielle de Blida, a été créée en 1981, par mon père Moula Mourad, qui est son actuel PDG. Au début, nous étions 9 employés seulement. Aujourd'hui, nous sommes 270. En 2010, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 1,5 milliard de dinars. Avant 1976, ma famille avait déjà acquis un savoir-faire dans le domaine de la cosmétologie puisqu'elle était spécialisée dans la distribution des produits cosmétiques. A vrai dire, notre entreprise n'a rien à envier aux grandes firmes internationales spécialisées dans le créneau de la cosmétologie. Notre entreprise est certifiée Iso 9001 pour la qualité et 14001 pour l'environnement. Nous mettons sur le marché 70 produits cosmétiques et parapharmaceutique comme les shampooings, les déodorants, les crèmes de soin et les gels amincissants. Nous pouvons produire davantage de produits, mais le manque de foncier et les lourdeurs bureaucratiques au niveau de l'administration freinent notre développement. - Le marché algérien est inondé par les produits cosmétiques issus de la contrefaçon et qui sont souvent cédés à des prix défiant toute concurrence. Que fait Venus pour résister à ce phénomène ? La contrefaçon fait des ravages dans notre secteur et cela au vu est au su de tous. Nous étions nous-mêmes victimes, à maintes reprises. Heureusement que nous avons des clients qui nous ont contactés pour nous informer sur l'existence d'un produit douteux, portant la marque ‘'Venus''. Le civisme du citoyen et la culture de dénoncer la contrefaçon peut contribuer, d'une manière remarquable, à lutter contre ce phénomène. Toutefois, cela n'est guère suffisant pour pouvoir le contrecarrer dans la mesure où la contrefaçon est ancrée chez nous. Les pouvoirs publics sont appelés à faire un travail en amont pour mieux réussir à lutter contre ce phénomène. A notre niveau, nous avons intensifié, à partir de 2010, notre investissement dans le créneau de la distribution afin que notre produit soit plus près du consommateur et pour être plus agressif. Pour fidéliser nos clients et concurrencer les produits importés dont certains d'entre eux sont issus de la contrefaçon, nous misons surtout sur la recherche et le développement de la qualité, et ce, afin d'avoir un produit qui répond aux attentes des consommateurs. Nous avons les mêmes fournisseurs en matières premières que les grands fabricants étrangers. Pour être plus concis, Venus et l'Oréal procure la matière première auprès du même fournisseur. Il ne faut pas oublier également que notre partenariat avec la grande firme française Sofia Cosmétiques, un spécialiste de renom dans l'engineering, les recherches et le développement dans les produits de parapharmacie nous aide à avoir un produit de qualité qui répond aux normes universelles. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les salons de coiffure afin d'avoir une idée sur nos produits auprès des professionnels. Il nous est impossible par ailleurs d'avoir des chiffres concernant notre part du marché, vu l'absence de données et statistiques. Une chose est sûre, nous sommes en croissance continue. Chaque année, nous constatons une évolution de 7 à 8% du chiffre d'affaires et de 5 à 6% concernant la masse salariale. - Venus est leader dans la cosmétique en Algérie, qu'en est-il de l'exportation ? Il faut dire qu'en 2010, nous avons quand même réussi à exporter de gel douche vers la France, qui est le pays de la cosmétique. Le marché français est très hermétique, mais nous avons pu y pénétrer grâce à la qualité de nos produits. Un vrai défi pour nous. Nous comptons augmenter au fur et à mesure la quantité exportée vers ce pays. Nous exportons aussi des quantités plus considérables vers le Maroc et nos produits connaissent un grand engouement de la part des consommateurs marocains vu le bon rapport qualité/prix. Il faut souligner que nous avons eu en 2009 le deuxième prix du meilleur exportateur algérien, décerné par World Trade Center, après Cevital. Au courant de cette année, nous avons élaboré un riche programme afin d'augmenter notre volume lié à l'exportation et cela coïncidera avec la mise sur le marché de nouveaux produits.