Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, insiste sur «l'action concertée» contre le trafic de cocaïne. Avant d'en arriver aux avancées et aux perspectives d'actions futures, Claude Guéant a, dans une conférence de presse, mardi après-midi, abordé ce qu'il a désigné comme l'«originalité» d'une «initiative» du président Sarkozy qui «se distingue par son objet», «la lutte contre le trafic de cocaïne» dont le marché représente, selon le ministre, 70 milliards de dollars. «Il n'y avait pas jusqu'ici d'action concertée» ; par «son format», «la participation de l'ensemble des acteurs concernés sur trois continents – les pays producteurs, les pays de transit et les pays consommateurs» ; par «sa dimension opérationnelle», soit un plan d'action avec des mesures concrètes. Quant aux résultats des travaux, «nous avons conscience des intérêts communs qui unissent nos pays, nous savons qu'il y a des problèmes sanitaires, des questions inhérentes à la grande criminalité, des mises en cause de la gouvernance dans certains Etats, des liens entre le trafic de drogue et des menées terroristes». Selon le ministre de l'Intérieur français, pour l'Afrique, la lutte contre le trafic transatlantique de cocaïne constitue un «objet de stabilité politique essentiel». «Ces pays subissent de plein fouet les effets dévastateurs du trafic avec l'explosion de la corruption et la mainmise sur des structures institutionnelles comme, par exemple, la Guinée-Bissau qui a connu en avril 2010 un narco-coup d'Etat». A l'ouverture de la conférence, mardi matin, Claude Guéant a souligné l'importance du fléau en Afrique de l'Ouest, où les mules ou cargaisons maritimes sont peu à peu remplacées par de gros avions commerciaux d'occasion achetés par les trafiquants. Les deux points d'appui sont les deux Guinée et le golfe du Bénin, a-t-il souligné. Le combat contre le trafic de drogue doit être «global», il doit intégrer la dimension criminelle mais aussi les dimensions économique et de gouvernance, a ajouté Claude Guéant. Et de souligner que le premier effort doit permettre d'«intensifier la collecte de renseignement et d'améliorer son exploitation ; de faciliter les interceptions maritimes en simplifiant les cadres juridiques internationaux et en encourageant la conclusion d'accords bilatéraux ou régionaux en interceptant les bateaux jusque dans les eaux territoriales ; améliorer les capacités de réaction des pays concernés en accroissant la coordination des Etats et des organisations internationales dans la mise en œuvre des programmes d'assistance technique et enfin coordonner afin de priver les trafiquants des profits qu'ils tirent de leur activité criminelle et faciliter l'accès aux réseaux internationaux d'identification des avoirs criminels, de lutte contre le blanchiment d'argent, d'accompagner la démarche des pays qui ne sont pas encore dotés de structures et de procédures de confiscation d'argent sale et d'inviter à réinvestir les capitaux saisis». Claude Guéant a aussi indiqué que le président Sarkozy a «appelé de ses vœux» la constitution d'un fonds fiduciaire international qui serait alimenté en particulier par la saisie des avoirs criminels, qui serait géré par les Nations unies. M. Sarkozy a proposé lundi la création d'un fonds international alimenté par les avoirs confisqués aux narcotrafiquants pour financer la lutte contre le trafic de drogue dans les Etats les plus fragiles. «Pourquoi ne pas utiliser tout l'argent des avoirs des narcotrafiquants pour abonder un fonds international placé sous le contrôle de l'Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime ?», a déclaré le chef de l'Etat français. Selon lui, «ce fonds aurait une seule vocation : soutenir le renforcement des capacités des Etats les plus fragiles et les plus affectés par les trafics de drogue. Sa gestion par une organisation des Nations unies à la compétence incontestée garantirait son efficacité et la qualité de sa gouvernance». Claude Guéant a, par ailleurs évoqué «un nouvel esprit de coopération dans cette lutte spécifique contre la cocaïne qui n'était pas jusqu'ici organisée. Je retiens aussi, comme mes collègues, que ces méthodologies nouvelles que nous sommes en train d'esquisser seront également utiles dans la lutte contre d'autres trafics de stupéfiants».