Au terme de la première session axée sur l'organisation des réseaux criminels, les ministres de l'Intérieur du G8 et des délégués africains ont jeté, hier à Paris, les jalons d'un plan d'action pour tenter d'enrayer l'expansion du trafic transatlantique de cocaïne. Les pays membres du G8 sont partis du constat selon lequel la demande s'est déplacée depuis 1998 vers l'Europe. Quatre fois moindre il y a dix ans qu'en Amérique du Nord, la valeur annuelle du marché en Europe est passée à 33 milliards de dollars pour rejoindre presque celle des Etats-Unis (37 milliards), a indiqué le directeur exécutif de l'Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime, ajoutant que deux tiers des utilisateurs de cocaïne en Europe vivent dans seulement trois pays: Royaume-Uni, Espagne et Italie. L'idée adoptée consiste à couper les "nouvelles routes" de la cocaïne, une grande partie du trafic s'opérant désormais d'Amérique du Sud par porte-conteneurs avec, parfois, une nouvelle porte d'entrée en Afrique de l'Ouest. Dans un rapport, l'Onucd précise que les saisies de cocaïne en Europe avaient atteint 121 tonnes en 2006, avant de chuter à 53 tonnes en 2009. "Mais le prix de la cocaïne pure n'a pas beaucoup augmenté en Europe, ce qui suggère que les trafiquants ont trouvé de nouvelles façons de se soustraire aux contrôles des forces de l'ordre", a souligné le directeur exécutif de l'Onucd, M. Yuriy Fedotov dans son intervention. Il a indiqué que le marché de la drogue représente 320 milliards de dollars par an, et souligné la "violence sans précédent" engendrée par le trafic en Amérique centrale, en particulier au Salvador, au Honduras et au Guatemala. "La réponse à cette situation critique passe avant tout par un pacte politique renouvelé entre les Etats des deux rives de l'Atlantique", a-t-il dit. Afin de pouvoir concrétiser ces projets, la France a réuni, outre les ministres du G8 ou leurs représentants, les délégués des pays concernés par le trafic, qu'ils soient producteurs ou consommateurs. M. Claude Guéant, ministre français de l'Intérieur, a de son côté appelé à des "solutions de coopération renforcée" sur la route transatlantique de la cocaïne. "Face à ces menaces très précises, nous avons tous intérêt à agir, nous les Européens pour réduire l'offre de drogue, les Africains pour enrayer les effets déstabilisateurs des trafics, les latino-américains pour couper les débouchés", a-t-il dit. M. Guéant a souligné l'importance du fléau en Afrique de l'Ouest, où les mules ou cargaisons maritimes sont peu à peu remplacées par de gros avions commerciaux d'occasion achetés par les trafiquants. Il faut noter enfin que sept organisations internationales ont également été conviées à cette réunion ministérielle, dont Interpol, Europol, les Nations unies, ainsi que des banques, telles que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.