C'est une équipe nationale d'Algérie inconsistante qui a affronté, en éliminatoires de la Coupe du monde de football 2006, son homologue du Gabon. Elle partait, au départ, avec les faveurs du pronostic face à un adversaire logé à la même enseigne les deux équipes ne totalisant alors que deux points en trois matches et il était logique de croire que l'équipe nationale d'Algérie, évoluant à domicile, ne laisserait pas échapper l'occasion de se replacer en meilleure position au classement général d'un groupe où elle conservait encore quelques espoirs. Mais au terme de la rencontre, c'est le Gabon qui s'impose largement en battant l'équipe nationale d'Algérie sur le score de trois buts à zéro. Une défaite lourde d'enseignements sur les limites aujourd'hui d'un football algérien en état de régression. Car avant la défaite de l'équipe nationale à Annaba, il y avait d'abord celle des juniors algériens contre les juniors du Niger à Blida. Ce dernier cas de figure est en lui-même indicatif de l'état des lieux d'un football qui est en perte de vitesse, car la sélection olympique n'était pas non plus parvenue à se qualifier pour les jeux d'Athènes, les espoirs ghanéens lui ayant été supérieurs. Cela veut dire que toutes classes d'âge confondues, les footballeurs algériens ne parviennent plus à faire jeu égal, au moins avec les équipes du continent, et cela au moment où la presque totalité des équipes africaines a investi la discipline pourvoyeuse de talents que s'arrachent les équipes européennes les plus riches. Le footballeur ivoirien Didier Drogba était l'un des plus gros transferts de la saison, le richissime club anglais de Chelsea ayant payé des dizaines de millions d'euros pour s'attacher ses services. L'équipe nationale d'Algérie ne peut pas se prévaloir de joueurs de cette envergure, car aux côtés de Drogba il y a les footballeurs camerounais, nigérians, maliens, burkinabés, guinéens, notamment, qui sont très cotés dans les championnats européens. Le temps est, de toute évidence révolu où des joueurs d'exception tels que Belloumi, Madjer, voire Dahleb, dominaient la scène continentale et où une équipe nationale d'Algérie allait de succès en succès et infligeait des scores lourds à des équipes comme le Burkina Faso lorsqu'il s'appelait encore la Haute-Volta. Désormais, c'est le Burkina Faso qui a des arguments à faire valoir. La page des victoires d'antan, et a fortiori celle sur l'Allemagne en 1982, doit être maintenant tournée pour que le football national prenne réellement la pleine mesure de ce qu'il est. Il faut pourtant se garder de brûler aujourd'hui ce qui était adoré hier. Il y a une vie après la défaite, et cela n'arrive pas qu'à l'équipe nationale d'Algérie. La vraie défaite, c'est de croire que tout est déjà fini pour l'équipe nationale d'Algérie après seulement quatre matches disputés, alors qu'il en reste sept à jouer et qu'aucune équipe dans le groupe de qualification de l'Algérie n'est assurée de les gagner ou de les perdre. L'essentiel est de continuer le chemin, car l'équipe nationale d'Algérie n'est pas la première à être passée par là et même si elle ne gagne pas son billet pour l'Allemagne, ce ne sera pas la fin du monde. Pourvu que les responsables en charge de la chose footballistique, ses acteurs aussi, comprennent que pour pouvoir s'élever il faut partir du bas. Le football algérien en est à présent dans la séquence de la redescente sur terre. Cela lui impose de se tourner vers une vision d'avenir et de faire table rase d'une gloire éteinte qui ne vient jamais au secours de la victoire. C'est là que réside aussi tout le sens de la leçon gabonaise.