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«Les statistiques publiées ne sont que des chiffres de l'administration» Pr Mokrane Berchiche. Faculté des sciences agronomiques de l'université de Tizi Ouzou
-Vous venez d'organiser la 6e édition des journées de recherche sur les productions animales. Quels sont les éléments de base qui en ressortent concernant les défis auxquels est confrontée cette branche d'activité dans son ensemble ? Avant tout, il faut revenir à l'objectif visé par l'initiative elle-même, à savoir parer au problème de manque de communication sur les potentialités que renferment les différentes filières. Il y a un potentiel énorme en information scientifique en Algérie, mais malheureusement il n'est pas mis en valeur. Lorsque l'information ne circule pas, elle est perdue. Ce qui fait qu'il y a une déperdition énorme en la matière. Dans l'enseignement supérieur, c'est la recherche-formation qui se fait actuellement. C'est-à-dire, il y a un travail de recherche qui se fait uniquement pour l'obtention d'un diplôme, magistère ou doctorat. Cependant, il y a les projets de recherche qui peuvent être menés en parallèle. Ce qui débouche sur la coopération permettant de mettre en pratique les résultats obtenus des travaux de recherche. Moi par exemple, je travaille avec l'INRA français (institut français de recherche agronomique, ndlr) avec qui j'ai eu deux accords-programmes. -Mais est-ce que ce dynamisme que manifeste la communauté universitaire est mis en valeur par le secteur utilisateur, à savoir l'agriculture ? C'est le problème crucial. Malheureusement, à l'avenir, cette situation risque de perdurer sachant qu'au niveau des ministères il n'y a aucune volonté pour se rapprocher de l'université. Récemment, par exemple, nous avons travaillé sur les drèches de brasserie, (des résidus d'orge ou de malt issue de la fabrication de la bière, ndlr) qui peuvent être récupérées et utiliser comme sous-produits pour la fabrication d'aliments. Mais les responsables du secteur n'ont manifesté aucune volonté de coopérer avec nous pour exploiter ce créneau au lieu de laisser ces matières se déverser et polluer les rivières. Pourtant, avec la consommation de bière qui est relativement forte en Algérie, ces sous-produits peuvent remplacer certaines matières premières utilisées dans la fabrication d'aliments qu'on importe actuellement. -Concernant l'alimentation justement, est-ce qu'il y a une assise scientifique qui confirme la possibilité de trouver une alternative aux intrants importés, sachant que les prix des viandes sur le marché national sont tirés vers le haut par la flambée sur le marché international ? Bien sûr que oui. Je cite l'exemple de notre laboratoire où nous avons travaillé sur la cuniculture. Nous avons abouti à des résultats qui indiquent que nous pouvons développer la cuniculture pour ne pas compter exclusivement sur la volaille dont les intrants pour l'alimentation sont importés et excessivement chers. Dans les dépenses, le poste alimentation représente 70% des charges dans l'aviculture. Maintenant pour rationaliser l'élevage cunicole, il faut intégrer les aliments dont les intrants sont disponibles sur le marché local. -En baptisant cette rencontre «contrôle des performances des élevages», quelle est votre vision de la nouvelle politique agricole, notamment les contrats de performance ? Je pense qu'avant de lancer un programme de cette envergure tels «les contrats de performance», il fallait préparer le secteur. Or, ils se sont précipités à lancer le programme sans penser au contrôle de ces performances. Actuellement, les statistiques qui sont publiées ne sont que des chiffres administratifs, alors que pour connaître la situation réelle du secteur, le travail doit se faire en permanence sur le terrain, il faut enregistrer et pour recueillir l'information et l'enregistrer, il faut avoir une méthodologie. Ce n'est qu'à partir de là qu'on peut connaître les performances réelles des fermes. Dans le cas de l'Algérie, les services agricoles ont à leur côté les instituts d'agronomie où il y a des données qui ne coûtent rien de tout : les mémoires qui sont produits par les étudiants régulièrement et touchant aux divers aspects et aux différentes filières. Il suffit d'actualiser l'information. C'est ce qui se faisait auparavant, mais pas actuellement.