Même les dernières précipitations n'ont pas empêché certaines familles de s'installer en ce rude endroit. Situé à la limite de la commune de Saïda, à quelques encablures de la commune d'Ouled Khaled, le bidonville Tahar Ghazoui se profile démesurément telles les favelas du Brésil bravant les dangers de tous les jours. Ni l'oued à une dizaine de mètres dont les crues ont détérioré lors des dernières précipitations quelques fragiles baraques ni les pylônes électriques de haute tension n'ont découragé d'autres familles à s'installer en ce rude endroit. «Au début des années 70, il y avait tout au plus une vingtaine de familles, puis d'autres habitations ont poussé comme des champignons atteignant aujourd'hui 270 familles», nous apprit le président de l'association Belloul Ahmed. Ici, c'est la débrouille. Un quart des familles, 74, possèdent des compteurs d'électricité et bénéficient de cette énergie, les autres sont contraintes de recourir aux branchements illicites tolérés nous explique-t-on. Pour atténuer leur quotidien morose, deux fontaines ont été installées par les responsables locaux pour permettre à ces familles de s'approvisionner en ce précieux liquide. Absence d'hygiène Ahmed, marié et père de trois enfants, est tout agité : «prenez des photos ! Regardez cette décharge sauvage. Nous vivons au milieu des rats, des moustiques et des serpents. Nos gosses peinent en hiver pour aller à l'école et pataugent dans la gadoue ! Même les bottes ne suffisent pas et nos baraques dégouttent, de véritables passoires lors des averses. Et, en été, nos baraques sont de véritables fournaises».Un autre ajoute : «nous suffoquons et nous peinons à respirer avec l'odeur insupportable que dégage la station d'épuration de l'ONA (office national de l'assainissement) située à une centaine de mètres de nos habitations». Là les problèmes ne manquent pas, ils ont pour noms absence d'hygiène, absence de réseaux d'assainissement, d'éclairage et de routes praticables. En avançant à l'intérieur du bidonville nous fûmes accostés par un père de famille dénommé Miloud : «venez voir ma villa, je l'ai payée cash 17 millions de centimes (faisant allusion ironiquement à sa baraque)». Effectivement, nous apprenons que, dès qu'une personne part d'ici, elle n'hésite pas à revendre sa baraque dont les prix oscillent entre 15 et 20 millions de centimes. Selon le président de l'association «il n'y a jamais eu de recasement de notre «quartier» et cela depuis 36 ans. Il y a eu, certes, des recensements de notre bidonville en 2007 et même bien avant. Ces opérations ont permis d'assainir et de reconnaître les véritables occupants de cet espace et les plus anciens. Maintenant, nous voulons des logements décents car nous avons trop attendu».